Vieilles recettes

L’union PS-Verts-PCF affichée devant les médias à la Fête de l’Humanité a des airs de déjà-vu. Tout comme la marche populaire pour les salaires annoncée par Marie-George Buffet, dans son discours de clôture.

Michel Soudais  • 18 septembre 2008 abonné·es

La politique a ses rites. La Fête de l’Humanité en est un, aussi traditionnel que sympathique. Cet incontournable rendez-vous de la rentrée politique possède d’ailleurs ses figures imposées. Afficher l’union de la gauche et annoncer une mobilisation sur un mot d’ordre en font partie. Quitte à donner la fâcheuse impression que demain ressemblera à hier.
La 73e Fête de l’Humanité , samedi, a ainsi été l’occasion pour l’ex-gauche plurielle d’annoncer une nouvelle fois sa prochaine renaissance. Vers midi, Marie-George Buffet reçoit François Hollande et Cécile Duflot pour une courte rencontre, suivie d’un long point de presse. L’occasion d’une photo de famille des chefs des trois partis affichant leur bonne entente autour d’une table de jardin. L’image est travaillée, et François Hollande en fournit la légende : « Cette rencontre est le premier acte du rassemblement de la gauche sur des idées et des projets », affirme-t-il solennellement. Le premier secrétaire du PS assure qu’au-delà des prochains congrès des trois formations il faut « créer une dynamique » pour « arriver à une gauche rassemblée » . La secrétaire nationale du PCF, de son côté, insiste sur la nécessité de construire ce rassemblement autour d’un « projet solide » : « On n’est pas d’accord sur tout » , donc « on a besoin de confrontation » , notamment sur l’Europe. La dirigeante écologiste acquiesce. « Face à la politique de communication de Sarkozy, il y a une obligation de travailler à ce projet, déclare-t-elle. On a des différences, on discute. »

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C. Duflot, F. Hollande et M.-G. Buffet, à l’unisson sur la nécessité d’une gauche rassemblée. Medina/AFP

Le nom à donner à ces retrouvailles n’est pas encore fixé. « Après l’union de la gauche qui a permis la victoire de 1981 et la gauche plurielle de 1997 » , il « faut inventer, trouver une formule » pour baptiser ce rassemblement, estime François Hollande. L’adjectif « durable » semble avoir la cote. C’est une vieille antienne du patron du PS, qui a suggéré la formule après la défaite de 2002. Le calendrier des prochains rendez-vous présente aussi un air de déjà-vu. Après la création d’un comité de liaison de la gauche regroupant les partis de l’ex-gauche plurielle (PCF, PS, Verts, MRC, PRG), il est simplement confirmé la tenue d’un premier forum entre ces formations, fin octobre, sur la mondialisation.
Cette rencontre médiatique dans l’arrière-jardin du stand du conseil national du PCF se solde donc par la promesse des trois chefs de parti en fin de mandat de se revoir pour faire le point. L’an dernier, les mêmes, plus Olivier Besancenot, s’étaient entendus, lors d’un débat public sur la fête, pour relancer le comité Riposte créé au début de la lutte contre le CPE. Un mois plus tard, ce comité, regroupant l’ensemble des formations politiques de gauche et censé organiser la résistance politique à Nicolas Sarkozy, se séparait sur un simple appel de soutien au mouvement social et un constat de division, le PRG, les Verts et la LCR refusant de signer le texte. François Hollande avait aussi suggéré de tenir des assises de la gauche afin de « rechercher des convergences » , selon des modalités et sur des sujets à déterminer. Elles n’ont pas même vu le jour. Le forum annoncé cette année pourrait bien connaître le même sort, à moins que les dirigeants du PS, des Verts et du PCF y trouvent intérêt à quelques ­semaines de leurs congrès.

Lors de son discours, dimanche, sur la grande scène de la fête, c’est assurément en prévision de cette échéance que Marie-George Buffet a invité la gauche à arrêter « de reculer, d’hésiter, de jouer perso » et à « prendre l’offensive » . Celle-ci prendra la forme d’une « marche populaire le 27 septembre du siège du Medef à l’Élysée pour les salaires et les pensions » . « Le 27, tous et toutes ensemble, même si les cordons de police nous arrêtent bien avant, à l’Élysée, il [Nicolas Sarkozy] entendra le mot “salaires” » , a lancé la secrétaire nationale du PCF, en appelant les syndicalistes et les forces de gauche à se joindre à cette marche.
L’an dernier, la direction du PCF, contestée après le plus mauvais résultat de son histoire dans une présidentielle (1,93 %), avait pareillement décidé d’organiser une « marche pour l’emploi » avec dépôt de 4 000 CV à l’Élysée, suivie d’un rassemblement destiné à « riposter à Sarkozy » . Au mieux, 5 000 personnes y avaient participé, le 27 octobre. À quelques semaines d’une assemblée générale extraordinaire délicate, cela avait permis à la direction du PCF de faire valoir auprès de sa base que leur parti avait « repris l’initiative ».

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