Chômage : la faute à la crise ?

Thierry Brun  • 2 octobre 2008 abonné·es

Le chômage a enregistré un bond vertigineux en un mois. On n’avait pas vu cela depuis quinze ans : 41 300 demandeurs d’emploi supplémentaires (+ 2,2 % par rapport à juillet) étaient inscrits à l’ANPE en août, indiquent les statistiques du ministère de l’Emploi. Depuis le début de l’année, c’est la sixième hausse mensuelle des inscriptions à l’ANPE. En?juillet, le nombre de chômeurs inscrits à l’ANPE en catégorie 1 (personnes cherchant un emploi à temps plein en CDI et n’ayant pas travaillé plus de 78 heures dans le mois écoulé) atteignait 1 949 600.
Ces mauvais chiffres résultent-ils de la seule crise financière internationale, comme l’affirme le gouvernement ? Ou d’une politique totalement décalée par rapport à la situation du marché de l’emploi ? On a encore en tête les propos de François Fillon au sortir d’un séminaire gouvernemental sur le programme économique, social et financier du gouvernement. « Le plein-emploi est la solution à tous les problèmes » , avait déclaré le Premier ministre en mars pour justifier de nouvelles réformes. Nicolas Sarkozy avait fixé le cap : réduire le taux de chômage à 5 % avant 2012.

Le gouvernement a ainsi mis sur pied une « offre raisonnable d’emploi » durcissant les sanctions envers les demandeurs d’emploi, sans tenir compte de la crise financière. Et s’est concentré sur la déréglementation du?code du travail, le détricotage des 35 heures et les heures supplémentaires. Le RSA devait être la voiture-balai de ces mesures pour remettre au boulot les plus précaires. Le discours de Nicolas Sarkozy à Toulon, jeudi 25 septembre, a mis fin à ces illusions, ce dernier admettant que la crise financière « aura des conséquences » en France. Sans toutefois remettre en question le train des réformes. Pourtant, elles seront lourdes de conséquences car inadaptées à la situation de l’emploi révélée par les dernières statistiques.

Temps de lecture : 2 minutes