La parole à Emmanuelle K.

Christine Tréguier  • 24 décembre 2008 abonné·es

De 1968 à 2008, les années riment et ne se ressemblent pas. Les unes sont celles du joli mai, les autres celles d’un décembre laissant présager le pire (ou un mieux, c’est selon), qui tend à donner raison à Paul Virilio et à ses théories de l’accélération et de la catastrophe.
Évitable ou inéluctable, cette catastrophe ? 2009 et la suite le diront. En attendant, en cadeau de fin d’année, on vous propose un coffret reçu au début du mois. Rouge et noir, l’extérieur, au titre qui frappe comme une évidence : Quand l’obéissance est devenue impossible . Rouge et noir, le cœur, fait de quatre minces volumes imprimés sur du papier qui ressemble à du papier. De ces livres qui trouvent tout naturellement leur place sur la table de chevet, comme s’ils s’y étaient toujours trouvés.

Chaque opuscule a son titre et recèle un ou plusieurs poèmes, tranches de vie et de vérité vécue. Vertiges de l’écart commence par cette phrase : « Paris, à l’aube, voir courir ceux qui vont quelque part pour y être à l’heure. » Viennent ensuite l es Brutes , où le travail est réduit à ce qu’il est, l’aliénation dont il faut se défaire. Puis l’Indépendance du sourire , qui nous dit que « le désir d’être sans nom est propre à tous ceux qui, jour après jour et opiniâtrement, cherchent à repérer les espaces de leur peur, à en dessiner les limites, écartelés qu’ils sont entre tous les pouvoirs qui cherchent à absorber leur vie » . Qu’ « on a plus de santé que ça, plus de force et de folie dans nos désirs et dans nos rêves ! » Qu’ « il existe encore en nous une désobéissance, une liberté d’être, un imaginaire insoumis, un sens du possible et du jeu, de l’aventure et de sa dignité qui nous rendent à la vie ».

La dérive s’achève par les Chemins du désir . « On ne nous offrirait que de subir, de contempler, d’être à la fois complices et victimes, en payant, s’il vous plaît, notre place. » À cette question qui n’en est pas une, une réponse en forme de voie de sortie : « Malgré le poids du monde et les mensonges de la réalité, un chemin est possible à qui entre en résistance comme on part à l’aventure. Un chemin est possible à qui s’aime, se respecte et joue à ne plus mentir. »
L’auteur se nomme Emmanuelle K. Elle a connu Nanterre, les Enragés, les Situationnistes, la maladie, la solitude. Elle est libre, incroyablement vivante, et je vous souhaite de la rencontrer, au détour d’une de ses pages. Ou à travers son site.

Temps de lecture : 2 minutes