Gâteau mal partagé

La baisse de la TVA a moins d’intérêt pour le consommateur que pour les grandes entreprises.

Jean-Claude Renard  • 9 juillet 2009 abonné·es

Un exemple : sachant qu’un restaurant s’acquitte d’une TVA à 19,6 % s’élevant à 20 000 euros en moyenne par trimestre, quelle sera son économie annuelle avec une TVA à 5,5 % ? : 60 000 euros environ. Une somme rondelette. Promise en 2002 par Jacques Chirac à un électorat traditionnellement à droite, la baisse de la TVA dans la restauration, mise en place au 1er juillet, possède plusieurs niveaux de lecture. En haut de l’échelle décisionnaire, le gouvernement attend de la part des restaurateurs une baisse des prix et des embauches. Christine Lagarde a même menacé la profession de poursuites si tel n’était pas le cas. Encore faudra-t-il trouver le peu d’agents disponibles à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour aller vérifier sur place. Les restaurateurs ont de quoi pouffer. Reste la vigilance de la presse. Mais cette baisse de la TVA n’a qu’un intérêt médiatique ponctuel qui ne survivra pas à l’automne. Reste encore les associations de consommateurs, qui ont la possibilité de pointer du doigt, souligner. Sans conséquences importantes à moyen terme.

Il y a certes les humbles caboulots qui peuvent se sentir soulagés. Ceux qui vont pouvoir éviter de licencier ou de fermer. Selon le Syndicat des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat), le secteur a connu 6 500 fermetures en 2008. Au premier trimestre 2009, la diminution du chiffre d’affaires atteignait 20 à 30 % en région (10 % à Paris). Mais pour beaucoup de restaurateurs, c’est une aubaine, « de l’argent frais qui ne sort pas, on s’en frotte les mains, juge l’un d’eux, sous couvert d’anonymat. Mais ce qu’on nous laisse d’un côté, le gouvernement nous le reprendra d’une façon ou d’une autre. »

À vrai dire, c’est un cadeau aux plus gros, qui touche d’abord les maisons gastronomiques luxueuses. Dont on se demande précisément pourquoi elles bénéficient de cette baisse de la TVA alors qu’elles devraient être soumises aux mêmes conditions qu’un produit de luxe, tel un parfum. Enfin et surtout, les chaînes, comme McDonald’s, Buffalo Grill et autres Flunch, peuvent se réjouir. Cette économie conséquente ne changera rien aux conditions de travail, au nombre de salariés par enseigne. Pour ceux-là, contre une maigre et apparente baisse des prix, et sur seulement quelques produits, la baisse de la TVA, c’est une cerise sur le gâteau.

Société
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