Retour à Persepolis

Deux Iraniens racontent l’élection présidentielle à partir d’images de Satrapi.

Marion Dumand  • 3 septembre 2009 abonné·es

Persepolis a fait le tour du monde. En bande dessinée, d’abord, publié par L’Association, le récit autobiographique de Marjane Satrapi a conquis le public francophone avant de traverser les frontières, édité jusqu’en Corée du Sud. En film d’animation, il a reçu en 2007 le prix du jury au Festival de Cannes. Le voilà de retour sur Internet, en anglais et détourné : Sina et Payman, deux jeunes Iraniens vivant à Shanghai, en ont repris des images afin de raconter l’élection présidentielle de juin.

Un détournement, certes, mais sur le mode de l’hommage, et avec l’accord de Marjane Satrapi. « Sa bande dessinée est autobiographique, explique Sina dans un quotidien anglais, mais pour ma génération d’Iraniens, du moins en Occident, elle est devenue bien plus que ça, elle est emblématique. » On retrouve donc dans « Persepolis 2.0 » la petite Marjane et sa famille, trente ans après. La colère reste identique, qu’elle naisse d’une révolution manquée, reprise à leur seul compte par les islamistes en 1979, ou d’une élection truquée, noyautant les votes au profit d’Ahmadinejad, président ultraconservateur et sortant, en 2009. La colère et l’ironie : « Comment ont-ils pu compter à la main 40 millions de bulletins en 24 heures ? » , fait mine de s’interroger le père. « Facile, s’ils connaissaient déjà le résultat » , lui rétorque Marjane. En dix planches, Sina et Payman reprennent les événements du 12 au 21 juin 2009, et les émotions une fois encore suscitées : espoir, stupéfaction, colère. Tout, sauf la résignation.

Culture
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