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Sébastien Fontenelle  • 8 juillet 2010 abonné·es

Interpellé sur un marché par un chocolatier, Nicolas Kozy, chef de l’État français, a, nous dit-on, lancé comme ça qu’il n’était pas « le genre » , quant à lui, à faire payer par l’État ces gros cigares qu’il fume, nous dit-on aussi, de loin de loin, et qu’il se les achetait, lui, avec son argent à lui – pas comme ce gros nigaud de Blanc, qui d’ailleurs, mâme Dupont, a promptement démissionné, preuve s’il en fallait que ma République est pour de bon irréprochable.

Nicolas Kozy, déclarant cela, se gaussait, naturellement – tout aussi fort que s’il avait plus nettement confessé qu’il nous tenait pour de foutu(e)s con(ne)s –, puisque, dans la vraie vie, contrairement à ce qu’il prétend, le gars est tout à fait « le genre » à nous faire payer sa consommation perso de tabac : rappelons-nous, quand même, que son premier soin fut, sitôt qu’élu, et sans nous demander notre avis (nonobstant que c’était dans nos sous qu’il se gavait [^2] et en même temps qu’il s’apprêtait à faire aux gueux la triste révélation que les caisses étatiques étaient vides et qu’ils allaient par conséquent pouvoir se faire une sonde anale de leur pouvoir d’achat, de s’autogmenter le salaire –  enlarge your émolument  – de près de 140 %.

Donc, j’y insiste un peu lourdement : Nicolas Kozy est tout à fait comme Blanc. Nicolas Kozy, tout à fait comme Blanc,
fait payer par l’État – c’est nous – ses infectados : les seules vraies différences entre ces deux-là sont, d’une, que le nouveau salaire nicolaskozyque autogmenté prélevé chaque année dans nos contributions est d’un montant nettement supérieur à celui, pourtant coquet, de la tirelire à cigares de l’ex-ministre du gross Paris ; de deux, que Blanc n’a du moins pas l’inconvenance, pris la main dans le pot à tabac, de se défausser sur plus petit que lui [^3] ; et de trois, enfin, que Blanc, lui, a (été) démissionné, alors que Nicolas Kozy, de son côté, reste cramponné à la calamiteuse fin d’un règne dont l’histoire, dans sa grande sagesse, retiendra qu’il fut celui des 108 millions de Liliane Bettencourt, répartis comme suit : d’une part les 78 millions qu’elle avait sottement oubliés en Suisse, et d’autre part les 30 millions dont l’État français lui a dans le même temps fait cadeau, bouclier fiscal oblige, en toute irréprochable moralité. (Et vive le populisme.)

[^2]: Personnellement, s’il m’avait consulté, comme devraient à mon avis faire tous ces gens dont nous payons bien malgré nous le traitement – je pense, notamment, à l’excellent Bernard Kouchner –, j’aurais, je suppute, répondu que non, coco, il n’est pas question que je t’augmente, j’ai pas voté pour toi, j’ai toujours pas compris ce que tu faisais là et je parie que d’ici trois ans on découvrira que ton ministre du Travail entretient des relations pénibles avec la pansue possédance, alors ça serait bien que tu la ramènes pas trop, merci.

[^3]: Étant précisé que la notion de « plus petit que » Sarkozy peut, de fait, être débattue.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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