Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

Sébastien Fontenelle  • 23 septembre 2010 abonné·es

J’ai demandé une augmentation au chef Sieffert : si tu pouvais m’ajouter quelques zéros après le 100, j’ai dit, ça nous ferait un compte bien rond, et je pourrais enfin m’acheter le roman de la rentrée.
Faut voir, il a répondu – et là, j’ai bien senti que l’ajout de ces quelques zéros ne lui posait pas de problème en soi, mais qu’il préférait, quant à lui, me les mettre avant le 100, c’est fou, quand t’y penses, comme le point de vue change, suivant que t’es l’employeur ou l’employé.
Je voudrais par conséquent, et si tu permets – de même, d’ailleurs, que si tu ne permets pas, vu que, sincèrement, qu’est-ce que tu vas faire ? Tu vas me confisquer mon stylo ? –, m’adresser ici au chef Sieffert : qu’est-ce que c’est que cette histoire de référendum sur les retraites, [nom de Dieu] f or God’s sake ?

On a en face de nous le plus éprouvant régime qu’on ait connu depuis l’entrée de la 2e DB dans Paris – un gouvernement de guerre sociale (GDGS) dont le passe-temps, depuis trois ans, est de mettre des coups de masse dans nos ultimes sécurités (sociales, itou), et dont ces jours-ci la mère de tous les combats est dans le démantèlement des retraites –, et nous, on va lui demander un référendum ?

Les mecs se pointent avec des canons lourds, et on leur propose un pique-nique ? Avec des « socialistes », qui plus est ? Avec les mêmes « socialistes » – écoute-les, on dirait le docteur Doxey narrant son élixir – qui vont désormais jurant que, si qu’on leur donne des votes, ils remettront la retraite à 60 ans (mais pas complètement, puisque sa « réforme » est de leur point de vue, comme du point de vue de Chérèque & Fillon, « nécessaire » ) ?
Effet immédiat – même le Monde s’en est aperçu : les salarié(e)s se démobilisent, tenté(e)s de croire qu’on les rasera demain gratis, et que les gentils « socialistes » rattraperont le coup en 2012.
On va demander un référendum avec Ségolène Royal ? (On parle bien de la même ?)

Et si nous demandions plutôt une bonne vieille grève générale ? Ça serait d’un plus rapide effet sur la négociation, et ça nous laisserait du temps pour signer l’engagement que jamais plus nous ne voterons pour des « socialistes », fût-ce au prétexte qu’il faut bouter le Pénible – et que plus jamais nous n’entrerons avec eux dans « un combat commun » (comme a dit ce week-end à la Fête à Neu-Neu l’inénarrable Mélenchon), vu qu’à la fin ?
C’est toujours le Medef qui gagne.

La gentillesse référendaire, avec les kozystes – l’urbanité ?
On est venu(e)s, on a vu, on a perdu : ça ne marche tout simplement pas.
Et sinon, pour mon augmentation : le « oui » l’emporte si nettement qu’on dirait un plébiscite.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

Temps de lecture : 3 minutes