Un très mauvais choix énergétique

Le plan d’action pour les énergies renouvelables force sur les combustibles d’origine végétale, au risque de dégradations environnementales et sociales.

Noëlle Guillon  • 23 septembre 2010 abonné·es

D’ici à 2020, 10 % d’énergies renouvelables dans les transports : c’est l’objectif du plan d’action national 2009-2020 publié le 24 août, suite d’une directive européenne de 2009. Contributeurs majoritaires : les agrocarburants. Les ONG dénoncent la préférence donnée aux avis des industriels de ces filières, contre la proposition du ministère de l’Écologie de plafonner la pénétration des agrocarburants à 7 %.

Au cœur du débat, les conséquences pour les pays du Sud – environnementales (déforestation, monocultures, etc.) et sociales (expulsion de paysans, augmentation du prix des aliments). Car la production européenne n’y suffira pas, c’est en Indonésie, en Colombie ou ailleurs qu’il faudra produire des plantes à agrocarburants – des cultures alimentaires détournées de leur vocation !

« Le plan n’évoque pas les importations des matières premières, comme le soja ou l’huile de palme » , dénonce Diane Vandaele, du Réseau action climat. Une étude de l’Ademe montre pourtant que le changement d’affectation des sols (CAS) – détruire une forêt pour produire des agrocarburants – dégrade le bilan environnemental de ces derniers, parfois pire que celui des carburants fossiles ! Certes, le plan évoque aussi le développement d’agrocarburants « de seconde génération » , à partir de végétaux non alimentaires. « Ce qui traduit bien l’embarras du gouvernement : toutes les recherches montrent que la part de ces nouveaux combustibles ne sera que très minime en 2020 » , souligne Jérôme Frignet, de Greenpeace. Alors les associations attendent, avant la fin de l’année, les propositions de la Commission européenne sur l’introduction du CAS dans le calcul du bilan énergétique des agrocarburants. Le plan national ne sera révisé, lui, qu’en 2014.

Écologie
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