Libye : « Des opérations de nature et durée limitées  »

Barack Obama tente de rassurer le Congrès américain, qui redoute un nouvel « engrenage », et fait pression pour un retrait rapide des États-Unis.

Denis Sieffert  • 24 mars 2011 abonné·es

Au quatrième jour de l’opération militaire conduite en Libye, sous mandat des Nations unies, les premières fissures sont apparues, mardi, au sein de la communauté internationale. Même si, autant que l’on sache, les bavures tant redoutées avaient jusque-là été évitées, et si les cibles de l’armée kadhafiste – chars et défenses antiaériennes – avaient été atteintes, le débat s’intensifiait sur les objectifs véritables de l’opération. Certes, l’offensive que préparaient les troupes de Kadhafi sur Benghazi n’a pu avoir lieu. Et « la protection des populations civiles » , comme le disait la résolution de l’ONU, a donc été assurée, pour un temps. Mais les coups portés étaient-ils suffisants pour désarmer définitivement Kadhafi ? La situation dans la ville d’Ajdabiya, au sud de Tripoli, soulignait la difficulté de la tâche. Là, les combats entre insurgés et troupes de Kadhafi se poursuivaient en pleine ville, interdisant toute opération aérienne. D’où la tentation d’une opération plus complexe, placée par exemple sous le commandement de l’Otan, au risque de se couper du monde arabe. L’alternative s’offrant à la coalition pouvait se résumer ainsi : ou bien forcer le mandat et mener une guerre totale à Kadhafi, ou bien arrêter très vite les opérations avec le risque de n’avoir pas suffisamment affaibli le dictateur. Les « abstentionnistes » de la résolution 1973, l’Allemagne et la Turquie notamment, se plaisaient évidemment à souligner cette impasse.

À Washington, Barack Obama était attaqué à la fois par les Démocrates et par les Républicains, les uns et les autres lui reprochant de n’avoir pas consulté le Congrès, et de faire courir au pays le risque d’un nouvel engrenage. Le syndrome irakien plaide sans doute en faveur d’un retrait américain rapide. « Les opérations , a répondu Barack Obama, aux présidents des deux Chambres, seront limitées dans leurs nature, durée et étendue. » Mais que pourrait faire, ensuite, une Union européenne livrée à elle-même et en proie, comme d’habitude, à ses divisions ? Rien sans doute. On peut imaginer que le répit obtenu par l’intervention pourrait permettre d’armer les insurgés, via l’Égypte et la Tunisie. Mais, et c’est peut-être le fond du problème, ceux-ci semblent terriblement désorganisés. Le Conseil de sécurité de l’ONU devait faire le point jeudi.

Publié dans le dossier
Libye, la guerre du moindre mal
Temps de lecture : 2 minutes