Pacte d’austérité salariale

Liêm Hoang-Ngoc  • 16 juin 2011 abonné·es

Le Parlement européen devrait adopter le 23 juin les six directives du paquet gouvernance, qui définit désormais les objectifs de politique économique des États membres dans le cadre d’une prétendue « coordination des politiques économiques », qui se réduit en réalité à une surveillance des politiques budgétaires et salariales. Le paquet gouvernance précise notamment les volets « préventif » et « correctif » du Pacte de stabilité en assortissant celui-ci de sanctions quasi automatiques proposées par la Commission (et ne pouvant être rejetées qu’à la majorité qualifiée au Conseil des membres de la zone euro). Le volet « préventif » demande aux États membres de réduire leur déficit de 0,5 point de PIB par an jusqu’à atteindre le critère de 3 % du PIB. Cela représente pour la France une économie de 10 milliards d’euros la première année. Le volet « correctif » impose aux États membres de réduire leur endettement de 1/20e de l’écart entre l’endettement observé et l’endettement correspondant au taux autorisé de 60 % du PIB. Cela représente une économie de l’ordre de 17 milliards supplémentaires la première année. Enfin, les pays affichant un déficit extérieur sont sommés de réduire leurs coûts salariaux pour résorber ce déséquilibre macroéconomique, sous peine de sanctions financières supplémentaires.
À côté du Pacte de stabilité renforcé,
c’est un pacte d’austérité salariale
qui voit ainsi le jour.

Ces nouvelles directives risquent d’aggraver des politiques d’austérité qui réduisent déjà le périmètre des services publics et le champ de la protection sociale obligatoire. Elles exacerberont l’indignation qui monte en Europe. Au Parlement, ce véritable paquet d’austérité a été combattu par les socialistes, les verts et la Gauche unie européenne au Parlement européen. Malheureusement, les droites conservatrices, libérales et souverainistes ont voulu son adoption, en durcissant même son contenu au cours du trilogue avec le Conseil et la Commission qui a précédé le vote au Parlement.

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