Une nouvelle chance pour la gauche

Rémy Jean  • 14 juillet 2011 abonné·es

Il y a près de cinq ans, l’espoir d’une alternative à gauche qu’avait fait naître la victoire du « non » au TCE se brisait sur l’écueil de l’élection présidentielle. Refusant de s’y résigner, des milliers de militants unitaires de toutes origines s’étaient alors rassemblés autour de la seule candidature qui leur paraissait encore capable d’incarner cet espoir, celle de José Bové. Mais la logique de la division l’emporta au bout du compte sur notre volonté unitaire, et l’espoir fut déçu. On connaît la suite. Deux ans après la victoire du « non », Nicolas Sarkozy s’imposait et, avec lui, la politique gouvernementale la plus réactionnaire depuis Vichy.

Nous ne reviendrons pas ici sur les responsabilités des uns et des autres. Chacun a tiré ses bilans. Mais, depuis cette époque, la gauche de transformation sociale et écologique redessine ses contours et cherche à se refonder. Tentative de dépassement de la LCR par la création du NPA, appel de Politis, création du PG, création de la Fase, rupture de la GU avec le NPA, constitution du Front de gauche, rupture des communistes unitaires avec le PCF, élargissement en cours du Front de gauche, nouvelles fractures au sein du NPA… Là aussi, chacun peut tirer ses bilans, mais tout cela montre à l’évidence que l’aspiration unitaire n’a pas faibli et continue à faire son chemin dans cette gauche. À l’exemple emblématique de « Limousin Terre de gauche », où tous se retrouvent dans un front commun massivement soutenu dans l’électorat populaire. Et a contrario de toutes les tentations de repli sectaire sur des identités dépassées.

Plus encore qu’en 2007, nous avons besoin en 2012 d’une alternative unitaire à la gauche du PS. Avec la crise économique et financière de 2008, une nouvelle période de confrontations politiques et sociales majeures s’est ouverte dans le monde entier. Dans leur quête effrénée de profits, les oligarchies capitalistes et les institutions à leur service sont engagées partout dans des offensives de plus en plus brutales contre les travailleurs. Les inégalités, le chômage et la précarité s’accroissent. La misère s’étend et s’installe au cœur même des pays les plus riches. Droites et extrêmes droites convergent dans la surenchère sécuritaire, xénophobe et anti-immigrés. Dans le même temps, les déséquilibres écologiques, la pollution de l’air, des eaux et des sols continuent de s’aggraver, touchant en premier lieu les plus pauvres, mais menaçant à terme la survie de l’humanité tout entière.
Dans cette situation où se lèvent de toutes parts de nouvelles résistances populaires, des révoltes et des révolutions, la gauche de transformation sociale et écologique a le devoir et la responsabilité de proposer une alternative claire et crédible au libéralisme. Elle ne peut le faire qu’en se rassemblant autour d’un projet qui s’attaque résolument aux inégalités, aux injustices, aux discriminations et à toutes les formes de domination et d’exploitation.

Pour cette gauche, pour nous tous qui la constituons, militants politiques, syndicaux, associatifs, altermondialistes, féministes, écologistes, antiracistes, internationalistes, 2012 peut être un 2007 à l’envers. Un début de dynamique unitaire existe autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Elle peut rapidement se renforcer si nous nous y mettons tous ensemble. On pouvait rêver d’une autre candidature, plus représentative des mouvements sociaux, mais c’est aujourd’hui celle qui peut permettre le rassemblement le plus large de notre gauche. Aux militants unitaires, partout où ils se trouvent, de se saisir sans attendre de cette nouvelle chance pour tous ceux qui aspirent à la démocratie, à l’égalité, à la justice sociale et à la maîtrise collective de leur destin. Pour tous les indignés d’ici et d’ailleurs.

Politique
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