Joseph Macé-Scaron, par où la sortie ?

Déjà coupable de plagiat littéraire, Joseph Macé-Scaron est pris en flagrant délit des mêmes pratiques comme journaliste.

Jean-Claude Renard  • 15 septembre 2011 abonné·es

Directeur du Magazine littéraire, directeur adjoint de Marianne, ex-producteur d’une émission hebdomadaire sur France Culture (« Jeux d’épreuves »). Chroniqueur ici et là sur les plateaux de télévision et de radio (RTL, i-Télé, « le Grand Journal » sur Canal +, notamment). Et puis romancier. Forcément, le toutim additionné, ça prend du temps. S’agit alors de parer au plus pressé. De s’organiser. Voilà quelques semaines (sur les sites d’Acrimed et d’Arrêt sur images), Joseph Macé-Scaron (JMS) était pris en flagrant délit de plagiat pour son dernier roman, Ticket d’entrée (Grasset), paru en avril, récompensé par le prix de La Coupole, et dans lequel est copié American rigolos de Bill Bryson.


« Une connerie ». Ou « un clin d’œil à l’auteur ». Voire un travail relevant de « l’intertextualité », s’est défendu benoîtement JMS. À regarder de près, ce n’est pas la première fois que JMS pompe littéralement un autre livre. Son Trébizonde avant l’oubli (Laffont) empruntait plusieurs extraits à Jünger, et le Cavalier de minuit (Julliard) à Victor Malka.


Belote, rebelote. Le journaliste ne fait pas que plagier ses pairs romanciers mais aussi des passages de ses confrères journalistes pour ses propres articles. C’est tout l’objet d’un travail fouillé de Jérôme Dupuis, publié dans l’Express du 7 septembre. Qui livre quelques exemples de papiers publiés dans Marianne, dans lesquels figurent de pleins paragraphes recopiés à la virgule près d’autres chroniqueurs littéraires. Entre autres, entre 2004 et 2006, sont ainsi reproduits mot pour mot un article de Laurence Liban ( Lire ), un autre de Delphine Peras ( Lire, également), d’autres papiers consacrés à Antonio Tabucchi, d’autres encore puisés dans le Monde. À l’évidence, avec JMS, « la connerie » d’un jour s’érige en habitude.


Du plagiat à l’imposture, à la dissimulation et à l’arnaque, il n’y a pas lerche. On peut s’interroger légitimement. Malgré ses réseaux d’influence et un tissu d’amitiés solides (parmi elles, Pierre Assouline — lui-même ancien patron de Lire et collaborant au Magazine littéraire  –, estimant qu’il s’agit d’ « innutrition et non de plagiat » ), va-t-on encore voir et revoir JMS donner ses leçons dans le paysage médiatique ? Si on ne peut lui imposer de démissionner de ses fonctions au Magazine littéraire, par exemple (ou notamment), les plateaux de télé ne sont pas obligés de lui donner encore un espace.

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