Alter-G20 : « Les peuples d’abord, pas la finance »

Mardi à Nice, environ 6 000 altermondialistes ont défilé contre le G20, encadrés par un impressionnant dispositif policier. Une mobilisation modeste qui veut s’inscrire dans un mouvement d’indignation mondial. Images et témoignages, dans le cortège.

Erwan Manac'h  • 2 novembre 2011
Partager :
Alter-G20 : « Les peuples d’abord, pas la finance »
© *Retrouvez notre reportage dans le [prochain n° de Politis](http://www.politis.fr/-L-hebdo,011-.html), vendredi 4 novembre.*

La manifestation altermondialiste n’aura pas dépassé l’affluence qu’on observe habituellement pour les rassemblements politiques ou militants à Nice. En tête du cortège, les associations et organisations humanitaires défilent par ordre alphabétique. Attac, qui a tenu à bout de bras l’organisation de ce « forum des peuples », ouvre la marche.

Derrière la banderole unitaire de tête, Aurélie Trouvé, coprésidente d’Attac, résume les revendications des anti-G20 :


Aurélie Trouvé toujours, sur le référendum grec pour l’accord européen sur la dette :

« Ce référendum est une avancée démocratique, à condition que ce ne soit pas une mise en scène politique. Prenons exemple sur l’Islande, où un référendum similaire avait permis un vrai débat. Le « non » l’avait emporté.

Certes le plan européen diminue de 50 % la dette grecque, mais il s’associe à un plan d’austérité drastique aussi inefficace qu’injuste. Nous appelons donc au rejet de l’accord européen. »

Plus discrète en nombre, l’organisation Peuples solidaires tente de faire entendre ses revendications sur la question alimentaire et agricole. Isabelle Brachet, chargée de mission G8/G20 pour l’association, revient sur un dossier qui « en va de l’avenir du monde » .

« Aujourd’hui le prix des aliments est à peu près aussi haut que lors de la dernière crise alimentaire. Pour nous, la réponse doit passer par les petits producteurs. Or, le G20 s’est justement prononcé pour le soutien aux petits producteurs en 2009. Nous demandons que ces mots se traduisent en actes.

Nous demandons également que des réserves alimentaires soient créées pour juguler la volatilité des prix des matières premières. Elles permettraient d’acheter aux petits exploitants lorsque les prix sont trop bas et de vendre lorsqu’ils sont trop hauts pour les consommateurs.

Le G20 doit aussi se prononcer pour l’arrêt des politiques publiques de soutien aux agrocarburants, comme l’ont recommandé dix organisations internationales. Les agrocarburants ne seraient pas rentables sans les aides publiques et ils sont en partie responsables de la hausse des prix alimentaires. »

Un cortège festif

Les organisations ont préparé des mises en scène et des campagnes de communication spécifiques. Action contre la faim avait fait le déplacement avec un camion portant des portraits de chefs d’État et le slogan « G20, j’ai faim ». Les « Robins des bois » (Oxfam France,  Attac, Coalition +) réclament en musique l’instauration d’une « taxe robin des bois », soit la fameuse taxe Tobin sur les transactions financières.

Sur le trottoir, deux jeunes femmes remontent le cortège. Solenn, niçoise de 21 ans, travail dans la communication. Elle manifeste pour « défendre des idées universelles » et n’adhère à aucune organisation.

« Je suis une libre penseuse, je ne veux pas me coller d’étiquette. Dans les partis politiques, le message c’est « adhère avant tout » et ensuite tu pourras t’exprimer. Tous les partis ont d’ailleurs les mêmes idées. C’est pour cela aussi que les jeunes aujourd’hui ne s’intéressent pas à la politique. Ils pensent qu’avec ou sans eux, rien ne changera. Les indignés ? Ils sont un peu trop révolutionnaires à mon goût. Je trouve qu’il est dommage qu’on en arrive là.

Moi je n’ai pas de revendication. Je manifeste simplement pour montrer aux représentants qu’on les suit mais qu’il ne faut pas qu’ils oublient le peuple. Le plus important pour moi est d’avoir une vision mondiale. L’idée de frontière est trop présente. Je suis pour une démocratie mondiale. »

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« Au Soudan, il faudra bien, tôt ou tard, imposer un cessez-le-feu »
Entretien 7 novembre 2025 abonné·es

« Au Soudan, il faudra bien, tôt ou tard, imposer un cessez-le-feu »

Clément Deshayes, anthropologue et chercheur de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste du Soudan, revient sur l’effondrement d’un pays abandonné par la communauté internationale.
Par William Jean et Maxime Sirvins
Comment la guerre au Soudan révèle les failles du contrôle mondial des armes
Soudan 7 novembre 2025 abonné·es

Comment la guerre au Soudan révèle les failles du contrôle mondial des armes

Les massacres commis à El-Fasher illustrent une guerre hautement technologique au Soudan. Derrière le cliché des pick-up dans le désert, une chaîne d’approvisionnement relie Abou Dabi, Pékin, Téhéran, Ankara et même l’Europe pour entretenir l’un des conflits les plus meurtriers de la planète.

Par William Jean et Maxime Sirvins
Pour en finir avec la centralité du travail
Travail 6 novembre 2025

Pour en finir avec la centralité du travail

Alors que le travail génère souvent de l’insatisfaction, en prise à des conditions toujours plus précaires, il reste présenté comme une valeur indépassable dans nos vies. Une centralité qui semble anachronique avec la catastrophe écologique, selon l’économiste Alain Coulombel.
Par Alain Coulombel
Expulsion illégale : une famille porte plainte contre le préfet des Hautes-Alpes
Enquête 5 novembre 2025 abonné·es

Expulsion illégale : une famille porte plainte contre le préfet des Hautes-Alpes

Une plainte pour « abus d’autorité » a été déposée contre le préfet des Hautes-Alpes par une famille expulsée illégalement en septembre. Celle-ci était revenue en  France traumatisée et la mère avait fait une fausse couche, attribuée au stress causé par l’expulsion.
Par Pauline Migevant