La Palestine n’a pas tout perdu

La demande d’admission palestinienne à l’instance internationale a été rejetée, notamment pour cause d’abstention de Paris et Londres. Mais la démarche de Mahmoud Abbas ouvre d’autres possibilités.

Denis Sieffert  • 17 novembre 2011 abonné·es

Il aura donc fallu cinquante jours et une dizaine de réunions pour que tombe la sentence : le Conseil de sécurité a rejeté la demande d’admission de la Palestine à l’Organisation des Nations unies. L’issue ne faisait aucun doute depuis que les États-Unis avaient fait connaître leur intention de poser leur veto. Les Palestiniens espéraient isoler les États-Unis dans cette nouvelle manifestation de soutien inconditionnel à Israël. Ils ont en partie échoué parce qu’un certain nombre de pays ont volé au secours de Barack Obama pour ne pas le placer dans cette situation inconfortable.

En s’abstenant, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne (probablement, car son vote n’a pas été rendu public), le Portugal, la Bosnie et la Colombie ont privé la Palestine des neuf voix nécessaires sur les quinze membres du Conseil. Seules huit voix lui ont été acquises : Russie, Chine, Brésil, Inde, Afrique du Sud et Liban, et probablement le Gabon et le Nigeria. Les pays européens ont donc joué dans cette affaire un rôle finalement peu recommandable. On le pressentait après que Paris eut voté en faveur de l’admission de la Palestine à l’Unesco. Eu égard aux positions du gouvernement français dans ce conflit, on pouvait imaginer que ce vote positif visait surtout à servir d’alibi pour justifier une abstention sur la question principale.

Mais la campagne onusienne de Mahmoud Abbas, au total, sera vraisemblablement positive. Non seulement la Palestine a été admise officiellement à l’Unesco, mais elle peut obtenir, si elle en fait la demande, un statut d’État non-membre. Le vote positif des quelque 140 pays qui ont déjà pris cet engagement, sur les 194 que compte l’organisation, suffira à lui conférer ce statut qui lui ­permettra de faire son entrée dans différentes organisations et agences de l’ONU, et surtout, de porter la question coloniale et ses conséquences répressives devant la Cour internationale de justice. La hantise du gouvernement israélien.

Il n’est pas secondaire non plus de constater que le rapport du Comité d’admission réaffirme le soutien des Nations unies à une solution à deux États dans les frontières d’avant juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Le problème réside évidemment dans la formule précisant que cette solution doit résulter de « négociations politiques ». Ce qui revient, en dépit des éternelles pétitions de principe, à remettre une fois de plus les clés du conflit à la puissance coloniale.

Même si la cause palestinienne progresse dans la communauté internationale, la situation est bloquée par le refus israélien de geler la colonisation, ce qui crée de fait sur le terrain une situation de plus en plus irréversible.

Sans compter que le gouvernement israélien brandit la menace de raids contre l’Iran. Le récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique faisant état de « sérieuses inquiétudes » quant à une « possible dimension militaire » du programme nucléaire iranien a relancé ces spéculations. Dissuadé d’agir par les États-Unis et l’Union européenne, Israël intensifie cependant la pression sur Téhéran.

L’offensive diplomatique palestinienne s’en trouve une nouvelle fois reléguée, après avoir réussi pendant quelques semaines à attirer l’attention de la communauté internationale et à sortir du tête-à-tête mortifère avec le gouvernement israélien le plus extrémiste de l’histoire de ce pays.

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