Algérie, un afflux d’histoires

Les chaînes proposent une programmation spéciale à l’occasion des 50 ans des accords d’Évian. Sélection.

Jean-Claude Renard  • 8 mars 2012 abonné·es

Anniversaire oblige. Le 18 mars 1962, étaient signés les accords d’Évian. L’indépendance algérienne sera proclamée quelques mois plus tard, le 5 juillet. Les chaînes n’échappent pas au cinquantenaire, célébrant cette date dès cette semaine. Avec pour commencer Guerre d’Algérie, la déchirure, de Gabriel Le Bomin, coécrit avec l’historien Benjamin Stora. Une histoire de la guerre, de 1954 à 1962, chronologique, formellement classique, sinon ­formatée, ­additionnant les archives, quasi entièrement colorisées. Comme s’il fallait, outre un accompagnement musical pompier, spectaculariser le récit, à côté d’un montage nerveux, effréné, effaçant toute respiration.

Algérie, notre histoire, de Jean-Michel Meurice, se déploie sur un autre ton, un autre rythme, relatant la guerre d’Algérie à travers les expériences personnelles du réalisateur, alors appelé, entre 1960 et 1962, et celles de Benjamin Stora, né à Constantine en 1950, livrant face caméra une « mémoire de la peur, de l’angoisse ». Sobre, précis, étiré entre le passé et le présent, le récit s’avance à la première personne, enrichi d’images d’archives, des souvenirs croisés de Constantin Melnik, Pierre Guyotat (Tombeau pour 500 000 soldats), Philippe Durand-Ruel et du témoignage rare du général Challe, filmé en 1972 par Meurice, ­diffusé puis censuré durant quarante ans.

Palestro, Algérie : histoire d’une embuscade, de Rémi Lainé, adapté de l’enquête de l’historienne Raphaëlle Branche, revient sur l’exécution de vingt soldats français, en mai 1956, déclenchant une vague de répressions, avant de traiter l’histoire coloniale dans cette vallée stratégique entre Alger et Constantine, qui changea de main brutalement plusieurs fois.
Un film nourri d’archives, de témoignages français et algériens évoquant d’autres violences, racontées dans les familles, de génération en génération, transmises par les chants, les reliques et les récits. Une autre manière d’évoquer la guerre d’Algérie, comme si elle se livrait mieux à travers ses chapitres superposés, juxtaposés.

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