La gauche à l’épreuve des traités européens

Michel Soudais  • 1 mars 2012
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Les déclarations de Mario Draghi au Wall Street Journal , vendredi dernier, n’ont curieusement guère suscité de réactions. Le président de la Banque centrale européenne y déclare pourtant que le modèle social européen fondé sur la sécurité de l’emploi et une redistribution sociale généreuse est déjà mort. Que tout recul sur les ambitions des programmes de désendettement publics provoquerait une réaction immédiate des marchés qui rendrait encore plus difficile, voire impossible, le rétablissement des finances publiques. Que les futurs gouvernements issus des élections en Grèce ou en France n’auront d’autre choix que de mener des réformes structurelles du marché du travail et de démanteler encore un peu plus leur modèle social.

Notre banquier central ne pouvait formuler plus crûment l’interdiction de toute alternative aux politiques d’austérité planifiées dans les instances intergouvernementales de l’Union européenne. Une interdiction que le traité signé le 1er mars à Bruxelles par les chefs d’État et de gouvernement a pour objet de rendre effective. Que Nicolas Sarkozy ait prêté main-forte à Angela Merkel pour imposer ce nouveau carcan n’est pas surprenant. Jusqu’ici, et notamment dans les années 1980, « l’Europe nous a protégés des socialistes et des communistes » , se félicitait-il en juillet 2008. Le chef de l’État n’aime et ne conçoit l’Europe qu’ainsi. À quelques semaines d’une échéance électorale qui a toutes les chances de lui être fatale, qu’il se préoccupe de renforcer tous les cadenas protégeant le néolibéralisme est dans l’ordre des choses. Ce qui l’est beaucoup moins, c’est le consentement de l’immense majorité des socialistes européens et des élus du PS à ces règles absurdes.

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L’après-nucléaire a commencé
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