Les « superfacs » suscitent la méfiance

Les facs de Toulouse et de Paris-Cité refusent de signer dans l’urgence les conventions qui lancent des Initiatives d’excellence.

Clémence Glon  • 26 avril 2012 abonné·es

Elles seraient huit. Huit grandes universités françaises qui offriraient une formation et une recherche de haute qualité. En regroupant différentes unités de recherche et d’enseignement, le projet des Idex (Initiatives d’excellence), présenté début février par Laurent Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur, cherche à créer de grands pôles de l’enseignement supérieur.
Alors que les universités de Strasbourg, de Bordeaux, d’Aix-Marseille, Sorbonne Université (Paris-II, IV, VI), Paris-Sciences et Lettres et Paris-Saclay ont signé la convention de financement qui lance le projet, Toulouse et Paris-Cité (Paris-III, V, VII et XIII) pointent le manque de concertation. « Deux aspects sont fondamentaux dans les universités : la collégialité et la ­démocratie. Pour les

Idex, la communauté scientifique a découvert le projet après l’arrêté déposé. Nous ne voulons pas signer de manière précipitée », explique Bertrand Monthubert, président de l’université Paul-Sabatier (Toulouse-III) et responsable de l’enseignement supérieur et de la recherche au sein du PS.
Sans être opposé au rapprochement entre universités, qui permettra de créer « des passerelles entre des disciplines trop cloisonnées », Bertrand Monthubert déplore la « concentration des moyens sur un périmètre scientifique extrêmement étroit ». « En regardant l’histoire des sciences, on constate que les avancées les plus importantes sont arrivées dans des lieux inattendus.

Parce qu’il y a eu la possibilité, pour les chercheurs, de travailler sur des ­secteurs à risques. Ce que ne favorise pas un financement trop concentré », prévient-il. L’Idex de Toulouse devrait recevoir 25 millions par an.
Selon lui, l’argument de la visibilité internationale, avancé par le gouvernement pour justifier le projet, ne tient pas : « Ce n’est pas parce que les universités concernées gagneront une place dans le classement de Shanghai qu’il y aura une amélioration significative de la qualité de la formation. »

Les Idex, par ailleurs, accentueraient les déséquilibres entre universités. Les régions du Nord et de l’Ouest, par exemple, en sont complètement dépourvues. Pourtant Bertrand Monthubert rappelle : « Nous avons la mission de former un maximum d’étudiants. Parce que la société a besoin de gens diplômés. L’Idex cherche à mettre en exergue une poignée de licenciés étoilés, et absolument pas à tirer la formation vers le haut. »

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