Devedjian n’est pas content

Sébastien Fontenelle  • 17 mai 2012 abonné·es

Si j’ai bien comprite : Patrick Devedjian trouve complètement désolant que nos compatriotes musulman(e)s aient majoritairement voté le 6 mai pour François Hollande.

Moi aussi, remarque. Mais pas pour la même raison. Moi : c’est parce que François Hollande est un « socialiste ». (Et que je te dise : depuis que j’ai de mes yeux vu ce qu’ils avaient fait au (et du) socialisme, j’aime plutôt peu ces gens.)

Alors que Patrick Devedjian : c’est parce que cet engouement fit (et fut) d’après lui « un vote communautaire » , et ça, tu vois ? « C’est grave. » Estime Patrick Devedjian. (Qui ne s’est pas du tout formalisé, pour autant qu’on le sache, quand une VRP de l’UMP a fait dans l’entre-deux tours un aimable mail aux Français et binationaux vivant en Israël pour les inviter à se « mobiliser pour l’élection de Nicolas Sarkozy » , qu’elle présentait comme « le dirigeant le plus proche de la communauté juive[^2] » . Découvrirait-on prochainement que Patrick Devedjian a l’émotion et l’indignation un peu sélectives, que je n’en serais pas autrement étonné.)

Imaginons maintenant que nous vivions sous le joug d’un pénible chef de l’État français, dont le passe-temps serait de nous lancer (ou de nous faire lancer par son entourage de souche), toutes les heures, de ciblées saloperies :
le jour viendrait, après cinq ans de cet inélégant procédé, où nous serions invité(e)s à le reconduire pour un nouveau mandat – ou à lui trouver un(e) remplaçant(e) qui n’aurait pas comme triste manie de nous insulter.

Qui choisirions-nous, dans cet important moment ?

Réponse b : l’humain d’abord.

Les musulman(e)s ont fait pareil, dimanche dernier : entre le gars qui venait de passer à leur déverser du guano sur le coin de la gueule plus d’années que n’en aurait pu compter sur les doigts d’une de ses mains feu Maurice Herzog après son retour de l’Annapurna et l’autre, les musulman(e)s ont choisi le candidat qui les avait (pour l’instant) le moins fait chier, si tu me passes l’expression[^3].

Ce n’était donc pas du tout un vote communautaire (contre quoi je n’aurais, pour ce qui me concerne, rien à dire, mais n’entrons pas ici dans un débat qui nous mènerait, je crains, très au-delà des chiches petits milliers signes qui me sont impartis), mais la saine réaction d’une population qui en avait juste ras le Coran, et comme on la comprend, de se faire emmerder[^4] tous les matins par des mecs dont l’haute moralité s’accommodait fort bien, par ailleurs, merci pour eux, de la fréquentation étroite des si progressistes Saoud : cela pourrait constituer, pour Patrick Devedjian et ses voisin(e)s de parti, l’édifiant motif d’une loooongue méditation – maintenant qu’ils ont devant eux plein de temps libre, et toutes ces RTT.

[^2]: Comme l’a signalé Politis pas plus tard que la semaine dernière : ça serait bien que tu suives un peu, si tu veux mon avis.

[^3]: Et en même temps, hein ? Mettons que tu ne me la passes pas : tu vas faire quoi, exactement ?

[^4]: Et là ?

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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