Référence gardée

Refusant d’être taxé, Google menace de déréférencer la presse française.

Jean-Claude Renard  • 25 octobre 2012 abonné·es

C’était prévisible : en septembre, les éditeurs de presse français avaient soumis au gouvernement l’idée d’une taxe sur les moteurs de recherche reprenant leurs contenus, Google en tête. Une idée puisée en Allemagne, dont le gouvernement a adopté fin août le texte dit « Lex Google », qui doit encore être voté par le Bundestag.

Face au géant américain, dont le chiffre d’affaires en France oscille entre 1,25 et 1,4 milliard d’euros (source BFM Business 2011), une taxe, même infime, représenterait un bol d’air pour une presse hexagonale en crise dans son ensemble. Devant la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, Aurélie Filippetti s’y est montrée favorable. Google n’a donc pas tardé à réagir en menaçant tout simplement de ne plus référencer les sites de presse ­français s’il devait subir « l’instauration d’un droit voisin pour le référencement de sites de presse français » (le droit voisin étant l’équivalent d’un droit d’auteur).

Le groupe américain dénonce « une atteinte indirecte à la liberté d’expression », tandis qu’il s’enorgueillit de rediriger « quatre milliards de clics par mois vers les pages Internet des éditeurs ». Ce sont aussi ces quatre milliards qui lui permettent de se nourrir de publicités. Placé dans une position dominante, Google voudrait ainsi le beurre et l’argent du beurre.
Filippetti a d’emblée rétorqué qu’ « agiter des menaces n’est pas une manière correcte de discuter avec un gouvernement démocratique ». D’autant que les intéressés ne sont qu’à l’aube des discussions. Le bras de fer est engagé.

Médias
Temps de lecture : 2 minutes