Pour un théâtre critique

Olivier Neveux s’interroge sur la notion de politique dans la scène actuelle.

Gilles Costaz  • 26 septembre 2013 abonné·es

Sous-titrant son essai « Les enjeux du théâtre politique aujourd’hui », Olivier Neveux fait éclater la notion de théâtre politique. S’il admet qu’il existe quelques résidus d’un théâtre militant ou engagé, s’il s’intéresse à Benoît Lambert ou à Rodrigo Garcia, il propose de chercher le politique là où il n’est pas proclamé et pense que le point essentiel est le public.

Dénonçant à la suite de Gilles Deleuze une « société de contrôle » et le néolibéralisme qui s’est emparé des diverses formes de l’art, l’auteur écrit : « Réfléchir sur le rapport que le spectacle entretient avec ses spectateurs, c’est travailler sur les présupposés qui organisent le théâtre politique et qui en induisent, bien souvent, la lecture. » Il vise à dépasser ou à considérer comme caduques des esthétiques à la mode (le postmoderne, le post-dramatique) et des tentatives qui se réclament du message politique « de façon unidimensionnelle ». Œuvre de philosophe plus que d’historien, cet ouvrage vivifiant, qui a obtenu le prix du meilleur livre sur le théâtre décerné par le Syndicat de la critique, prend beaucoup de concepts à rebours. Plaidant pour des formes qui « émancipent » le spectateur, il défend « un théâtre déculpabilisant, critique, animé par la puissance créatrice du négatif, bagarreur, qui n’aurait pas le temps d’attendre, pressé, logé au cœur des contradictions du présent ».

Culture
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