Roms : Vives réactions associatives aux propos de Manuel Valls

Michel Soudais  • 24 septembre 2013 abonné·es

La nouvelle saillie de Manuel Valls sur les Roms , ce matin, au micro de France Inter, provoque de vives réactions dans le milieu associatif.
Le ministre de l’Intérieur a notamment jugé « illusoire de penser que l’on règle le problème des populations Roms à travers uniquement l’insertion ». Évoquant les « villages d’insertion », comme les expériences menées à Montreuil, il estime qu’ils « ne concernent que quelques familles ». Conclusion :
« Il n’y a pas d’autre solution que de démanteler ces campements progressivement et de  reconduire à la frontière. »
À lire dans Politis : Montreuil, ville exemplaire ?

Le directeur général de  France Terre d’asile  dénonce « l’irresponsabilité » et « l’hypocrisie totale » des propos du ministre. « Il est illusoire de penser qu’on réglera le problème des Roms uniquement à travers le démantèlement des camps » , martèle Pierre Henry, pour qui cette vision « en noir et blanc » du ministre « ne va pas dans le sens de l’apaisement et n’est pas marquée du sceau du bon sens » .

« Le démantèlement sans alternative n’est pas une solution, et s’il est indiscutable qu’un travail doit être fait avec la Bulgarie et la Roumanie, il n’en demeure pas moins que, sur le terrain, on est en prise avec un grand problème de précarité et que les expulsions forcées ne résolvent rien. »

À lire dans Politis : «Les Roms sont l’objet d’un rejet spécifique !»

L’indignation du directeur des missions France de  Médecins du Monde , le Dr Jean-François Corty, association dont les équipes mobiles effectuent 4000 consultations par an sur la population rom, n’est pas moins forte : «Je m’inscris totalement en faux contre ces stéréotypes sanitaires et sociaux! De mon expérience de terrain, je n’ai jamais rencontré un Rom qui aspire à vivre dans des bidonvilles. La grande majorité veut au contraire se sédentariser, travailler, s’intégrer, scolariser les enfants. Simplement, la dégradation de leurs conditions de vie avec la multiplication des expulsions sans relogement – des familles sont expulsées 10 à 20 fois en 3 mois – les surprécarisent. Ils sont de plus en plus exposés aux violences et aux mafias et la restriction d’accès aux soins et au travail entrave toute possibilité de s’intégrer.»  

Du côté d’ Amnesty International , on renvoie au rapport sur les Roms que l’association s’apprête à publier, jeudi 26 septembre. Sous le titre
« Condamnés à l’errance », ce rapport revient sur les expulsions forcées de Roms en France, notamment dans les agglomérations d’Ile-de-France, Lille et Lyon. Il montre que «les démantèlements sont un échec, parfaitement contre-productifs pour résoudre la question de ces populations» .

«Si l’on ne peut pas loger les 15.000 Roms en France dans des HLM ou des logements sociaux, prenons le soin au moins de les stabiliser sur les terrains qu’ils occupent en leur apportant des conditions de vie qui soient dignes , conseille le Dr Corty. Mais pour cela, une gestion communale est impossible, les maires ont raison. C’est à l’échelle régionale ou nationale qu’il faut agir.»

À lire dans Politis :

Quel avenir pour les Roms en France ?

Et le dossier de Politis sur La République bafouée . À paraître jeudi 26 septembre :

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