Le Front de gauche au point mort

Les municipales bloquent toujours la préparation des européennes. Le PCF et le PG se renvoient la responsabilité.

Michel Soudais  • 19 février 2014 abonné·es
Le Front de gauche au point mort
© Photo : JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

À bientôt trois mois du scrutin européen, le Front de gauche n’a toujours pas désigné ses candidats ni même défini de plateforme programmatique. Pour mémoire, lors de sa création en 2009, précisément pour les européennes, le Front de gauche avait lancé sa campagne en organisant un meeting au Zénith de Paris le 8 mars. Pareille initiative semble cette année impossible en raison du désaccord sur les municipales qui oppose le Parti de gauche (PG) et le PCF.

La rencontre au sommet organisée entre des délégations conduites par Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, le 17 janvier ( Politis n° 1287), n’a pas débloqué la situation. Au PG, qui lui demandait d’enlever le logo Front de gauche des documents de campagne des listes conduites par le PS dans quelques villes symboles comme Paris ou Nantes, le PCF avait promis de donner une réponse rapide. Après 22 jours, Éric Coquerel, en charge des relations unitaires au PG, raconte avoir obtenu de son alter ego au PCF un engagement oral de bon augure.

Las, deux jours plus tard, le logo figurait sur l’affiche de campagne d’Anne Hidalgo. « Ultime provocation », déplorée par Éric Coquerel sur son blog : le seul meeting que Pierre Laurent a prévu de tenir avec la candidate socialiste se tiendra dans le XXe arrondissement de Paris, celui où se présente Danielle Simonnet, qui conduit la liste du Front de gauche autonome dans la capitale. Ces « soubresauts », écrit Éric Coquerel, expliquent la décision du conseil national de son parti, validée à 97 % le week-end dernier, de lancer celle-ci sans attendre le PCF, avec « toutes les forces  [et] les responsables politiques du Front de gauche, mais aussi d’autres partis, engagés […] avec  [le PG] sur des listes autonomes aux municipales ». Un appel qui s’adresse également à tous les militants et personnalités de la gauche du PS et d’EELV qui accepteraient de « s’engager dans des listes contre la politique d’austérité du gouvernement et la politique de l’UE » .

La résolution adoptée par le PG maintient « la main ouverte » au PCF, mais lui réclame des « signaux clairs et publics », l’assurant qu’il ne ferait pas d’alliance avec le PS au premier tour des « élections cantonales et régionales de 2015 ». Toutefois, le PG ne voit pas « comment partir en campagne en assumant la confrontation avec les listes gouvernementales aux européennes avec ceux qui, au même moment […], partent derrière le PS en concurrence avec  [ses] propres listes ». Pierre Laurent, qui réclame depuis septembre des listes Front de gauche « au plus vite » risque d’attendre encore.

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