Stupéfiante union sacrée au Parlement européen

Michel Soudais  • 7 avril 2014 abonné·es

«La droite et les socialistes** se préparent à faire une alliance au sommet de l’Union européenne»* , avertit Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué. Exagération? Pas vraiment. «Jeudi 3 avril dernier, les groupes de droite (PPE), libéraux (ALDE) et sociaux-démocrates (S&D) du Parlement européen ont adopté une déclaration commune , poursuit le député européen du Parti de gauche. Celle-ci prévoit que les trois groupes se concerteront dès les élections passées pour « soumettre conjointement » au Conseil européen une proposition de nom pour la présidence de la Commission européenne.»

Illustration - Stupéfiante union sacrée au Parlement européen - Hannes Swoboda, Guy Verhofstadt et Joseph Daul. Photo: Thierry Roge / European Union 2013 - EP)

Cette déclaration conjointe des groupes PPE, S&D et ADLE existe bien. Elle peut être consultée sur le site du groupe PPE, sur celui du S&D ou celui de l’ADLE. Et leurs présidents respectifs, Joseph Daul, Hannes Swoboda et Guy Verhofstadt, «s’engagent à dialoguer et à se consulter dès que possible après les élections européennes» sur le nom du futur président de la Commission européenne qu’ils n’imaginent pas venir d’un autre camp que d’un des leurs.

Voir le contenu de leur déclaration conjointe:

*« Conformément à la lettre et à l’esprit du traité, et tenant pleinement compte des résultats des élections européennes, nous nous engageons à lancer aussi vite que possible après les élections européennes un dialogue et des consultations, qui viseront à désigner, au sein de la famille politique capable de constituer la majorité qualifiée requise au Parlement européen, le candidat européen à la présidence de la prochaine Commission. »

« Le candidat du plus grand groupe sera le premier à tenter de constituer la majorité requise. Sur cette base, nous soumettrons conjointement une proposition au Conseil européen afin de lancer les consultations institutionnelles conformément à la Déclaration 11. »

« Le prochain président de la Commission devra être élu dans le cadre d’un processus transparent et non de manœuvres en coulisse. »

« Nos familles politiques se présenteront aux élections européennes avec leurs candidats respectifs à la présidence de la Commission européenne. »

« Le prochain président de la Commission devra être choisi parmi ceux-ci. Il s’agit de respecter les attentes des citoyens et de rendre l’Union européenne plus proche d’eux et plus démocratique. »*

A moins de huit semaines des élections européennes , cette entente sur l’après-scrutin, symptomatique de la cogestion qui règne au sein du Parlement européen, irrite fort le co-président du PG qui devrait être le candidat du Front de gauche dans le Sud-Ouest, qui appelle les électeurs à «régler [leurs] comptes avec cette Europe et cette alliance dégoûtante» :

«Imaginez la même chose en France : le PS et l’UMP s’accordant dans le dos des Français pour choisir le Premier ministre !
C’est une nouvelle preuve de l’alignement politicien du PS sur la droite européenne.
Cette Europe est définitivement irréformable. Il faut en finir pour rendre leur pleine souveraineté aux peuples.»

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