Christophe Alévêque : « Rire avec la dette »

l’humoriste Christophe Alévêque organise le 31 mai ­la Fête de la dette. Entre pédagogie et parti pris ludique.

Jean-Claude Renard  • 22 mai 2014 abonné·es
Christophe Alévêque : « Rire avec la dette »
© **La Fête de la dette** , samedi 31 mai, 19 h, au Centquatre, 5, rue Curial, 75019 Paris. Renseignement et billetterie sur www.104.fr et au 01 53 35 50 00. Photo : AFP PHOTO / XAVIER LEOTY

C’est une formule qu’on entend depuis plusieurs générations : « La France est endettée. » Plutôt que de subir ce martèlement, le comédien et humoriste Christophe Alévêque a décidé de prendre cette dette au collet en lui faisant sa fête, lors d’une soirée organisée au Centquatre, à Paris, dont tous les bénéfices seront reversés au Secours populaire. Un programme ludique, populaire et éducatif, suivi d’un grand bal.

Qu’est-ce qui a présidé à cette Fête de la dette ?

Christophe Alévêque : La réponse tiendrait peut-être à cette formule de Roosevelt : « La seule chose à craindre, c’est la peur. » C’est exactement l’idée directrice de la Fête de la dette. Il s’agit d’être à rebrousse-poil de l’ambiance de morosité, de la peur généralisée, un brin entretenue. Quand on a peur, quand on est angoissé, comme lorsqu’on est en colère, on ne réfléchit plus. Lorsque j’avais lancé ma fausse campagne lors de la présidentielle 2012, sous l’étiquette de Super Rebelle, le long d’une tournée à travers 31 villes, j’avais pu voir combien les gens n’ont pas le moral, et comment des personnes dépourvues de culture trouvent toujours des boucs émissaires. Pour réfléchir, il faut avoir des billes et être en situation de pouvoir le faire. C’est pour cela que nous entendons faire un spectacle éducatif, mais aussi ludique, non anxiogène. C’est un sujet grave, compliqué, sciemment complexifié, alors pourquoi ne pas s’en emparer de façon riante ? Cette idée est aussi liée à la rencontre avec Vincent Glenn, coauteur du spectacle, par ailleurs réalisateur, qui travaille sur le sujet depuis longtemps [^2].

Comment se déroulera cette soirée ?

En deux parties. Un spectacle qui serait comme « la dette pour les nuls », en 80 minutes, puis un grand bal. Dans cette première partie, on entend expliquer ce qu’est une dette privée, une dette publique, combien l’on doit, à qui, comment on emprunte, pourquoi la dette a augmenté, ce qui lui est lié, comme le sentiment de culpabilité, les peurs, les croyances. Aujourd’hui, la perception de la dette n’est plus idéologique mais dogmatique : un seul chemin est possible, une seule voie, une seule solution, avec une pensée unique diffusée dans les grands médias. On a l’impression d’entendre parler saint Paul ! C’est un cercle infernal dont on ne sort pas. Il s’agira aussi de souligner les paradoxes, de pointer des erreurs, de casser des idées reçues véhiculées depuis vingt ou trente ans, qui veulent que nous soyons endettés parce que nous dépensons trop, ou que la dette publique et la dette privée soient une même chose. Poser les questions devrait ouvrir le débat.

Qu’attendez-vous de cette soirée ?

Si l’on arrive à s’amuser en parlant de la dette, ce sera réussi. Les économistes ont l’habitude de parler entre eux. Tout se passe comme s’il fallait ne pas les comprendre, avec leurs chapelles, leur façon de s’exprimer. Or, cette dette, c’est la nôtre, alors autant s’en occuper nous-mêmes. Si le public en ressort instruit, enrichi, ce sera aussi très bien, d’autant que les bénéfices iront au Secours populaire. Mais ce n’est ni partisan, ni politique, ni militant. On n’est pas là pour proposer des solutions, mais pour exposer modestement la situation, avec l’aide de quelques économistes. Si les médias suivent, si le public est présent, on verra quelle suite à donner. On a un avantage : on n’a aucune obligation de résultat !

Quel sera le casting ?

On a invité tout le monde. Et nous ont répondu ceux qui voulaient. Certains seront en direct, pour répondre clairement et simplement, d’autres s’exprimeront à travers des entretiens enregistrés et filmés. Pour l’heure, ont répondu présent Thomas Coutrot, Pierre Larrouturou, Annick Coupé, Susan George, Vincent Drezet, Patrick Viveret ou encore Henri Sterdyniak. Tous pourront intervenir dans un débat avec le public, pour lequel on attend des réponses précises à des questions précises, sans s’éterniser.

[^2]: Réalisateur de Davos, Porto Alegre et autres batailles (2002), Pas assez de volume (2003) et Indices (2010).

Société
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