« Bird People », de Pascale Ferran : Panne d’envol

Bird People, de Pascale Ferran, expose deux histoires de libération.

Christophe Kantcheff  • 5 juin 2014 abonné·es

Comment s’extraire de sa vie ? Se dégager de ses pesantes contraintes ? C’est à un moment charnière de leur existence que Bird People, de Pascale Ferran, saisit ses deux personnages principaux : un informaticien américain (Josh Charles), en transit pour une nuit dans un hôtel à l’aéroport de Roissy avant de repartir au Moyen-Orient, et une étudiante (Anaïs Demoustier) qui finance ses études en étant femme de chambre dans l’hôtel en question.

Deux histoires de libération, donc, de deux personnages a priori sans points communs, que Pascale Ferran raconte successivement, sans les entremêler. Pour l’homme, cela prend la forme d’une crise existentielle, le temps d’une nuit blanche et d’une décision radicale : tout laisser tomber, son boulot hyper stressant, sa femme querelleuse et la vie de famille. Pour la jeune femme, l’opération est plus miraculeuse et sans doute plus poétique – il s’agit d’une métamorphose. On n’en dira rien, sinon que l’idée de cette métamorphose est sans doute plus séduisante sur le papier (du scénario) qu’à l’écran. Visuellement, l’idée s’épuise vite, et l’émerveillement non dénué de tendresse et teinté d’humour qui devrait s’installer chez le spectateur peine à succéder aux premiers moments d’étonnement. D’où un déséquilibre dans le projet de Pascale Ferran : la dimension poétique du film (la jeune femme de chambre) n’atteint pas la solidité de la première partie psychologico-réaliste (l’informaticien américain). Or, il est clair que les deux dimensions devaient résonner avec la même force une fois les deux épisodes noués. Bird People échoue ainsi à être le film de l’émancipation tous azimuts.

Cinéma
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