Macron, de gauche ? C’est tout vu !
En arrivant à Bercy , mercredi, Emmanuel Macron demandait à être jugé « sur les actes et sur les paroles » , le nouveau ministre de l’Économie ayant conscience d’arriver dans sa nouvelle fonction « tout auréolé d’une réputation (…) faite par la presse » . Soit. Il n’a toutefois pas été nécessaire d’attendre longtemps.
Dans un entretien publié ce matin dans Le Point , le successeur d’Arnaud Montebourg soutient, c’est assez banal dans l’entourage du chef de l’État, que « le sérieux budgétaire au bon rythme et la restauration de notre compétitivité sont la seule voie possible » et que « l’autre politique est un mirage » . Mais, et c’est plus inédit, l’ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée et conseiller de François Hollande pour les question économiques, qui, à ce qu’on nous dit, ignorait encore sa nomination, fait état de deux pistes pour passer à ce qu’il appelle « l’étape deux de la modernisation du marché du travail » : « Rehausser et simplifier le seuils sociaux permettrait de lever un obstacle traumatisant pour beaucoup de petits patrons, sans pour autant changer la vie des salariés. » Et « Autoriser les entreprises et les branches, dans le cadre d’accords majoritaires, à déroger aux règles de temps de travail et de rémunérations. » En clair, Emmanuel Macron se voyait autoriser les entreprises à passer outre les 35 heures, quelle que soit leur situation (actuellement la loi de juillet 2013 l’autorise pour les entreprises en difficulté).
Matignon a très vite recadré son ministre et fait savoir que le gouvernement « n’a pas l’intention de revenir sur la durée légale du travail à 35 heures » . Toutefois, Manuel Valls n’a pas désavoué son ministre sur la possibilité de « déroger aux règles de rémunérations » . Ni encore moins dénoncé le fond de la pensée de son collaborateur, exposé ainsi crûment dans l’hebdomadaire libéral : « Il s’agit de sortir de ce piège où l’accumulation des droits donnés aux travailleurs se transforme en autant de handicaps pour ceux qui n’ont pas d’emploi, en particulier les jeunes et les Français d’origine étrangère. Mais c’est difficile à expliquer et à porter quand on est de gauche. » Le nouveau ministre n’aurait pas pu mieux faire comprendre dans quelle extériorité à cette famille politique il se place, lui qui affirme, comme un vulgaire ministre UMP que « la clé de la relance, en France, est de libérer les énergies pour créer de l’activité » . Il est vrai que, comme Manuel Valls, il invite « à revisiter le logiciel politique classique pour libérer l’initiative et l’esprit d’entreprise » et à « sortir des postures » . En ce qui le concerne, c’est fait ! Et on comprend mieux pourquoi le nouveau ministre de l’Économie a déclaré, lors de sa passation de pouvoir que notre pays payait aujourd’hui son « incapacité, ces vingt dernières années, à prendre les bonnes décisions » . Une pique qui a dû aller droit au cœur de Lionel Jospin et de ses ministres.