Le foutage de gueule continue

En trente ans, le PS n’a jamais cessé de rallonger son eau de rose de toujours plus de thatchérisme.

Sébastien Fontenelle  • 4 septembre 2014 abonné·es

Ça serait quand même bien que les « socialistes » arrêtent de nous prendre pour des con(ne)s – me disais-je (encore) pas plus tard que ce matin, durant que je fumais mon café et sirotais ma cigarette [^2]. Puis, quelques minutes plus tard, poursuivant cette puissantissime réflexion, j’ai aussi pensé que ça serait quand même bien que les « socialistes » arrêtent fissa de se foutre de notre gueule. D’où me sont venues – te demandes-tu avec un peu de fièvre – ces idées fortes et neuves – et qui, par leur exceptionnelle densité, devraient selon toi faire de moi (et je dois dire que je ne suis pas loin de partager cette conviction) quelque chose comme l’égal de nos plus grands philosophes émancipateurs de gros niveau, genre Michel Lévy ou Bernard-Henri Onfray ?

Elles me sont venues de ma lecture matutinale des derniers communiqués de presse – et autres articles en tout genre – relatifs aux effets du récent remaniement gouvernemental où MM. Hollande et Valls ont composé une équipe dont la présentation a, dans l’instant, plongé MM. Apparu (de l’UMP) et Gattaz (du Medef) dans une extase limite orgasmique, cependant que divers autres patrons feulaient qu’ils en redemandaient, tellement c’était mieux qu’au temps que Sarkozy régnait sur nos vies. Et, plus précisément, des commentaires et proclamations offusquées des (je vais essayer de l’écrire sans pouffer) « frondeurs » du P« S », qui ont évidemment caqueté, en guise d’avis sur cette dream team, qu’il fallait quand même faire attention à ce que trop de droite ne finisse pas par tuer « la gauche » – et dont la presse dominante, toujours à l’affût de tout ce qui peut entretenir la mystification de son lectorat, n’a bien sûr pas manqué de trompeter qu’ils avaient été rejoints, dans l’université d’été de leur parti, par Christiane Taubira, ministre des Sceaux.

Parce que, décidément, ces simagrées, où l’intention est – t’auras compris – de poser que les « socialistes », sous l’écume des Valls [^3], seraient toujours de gauche, justement, commencent à très (très, très) sérieusement me disloquer les parties basses. Parce qu’en vrai, comme le sait quiconque l’a regardé d’un peu près, ce n’est pas depuis la semaine dernière – et la promotion ministérielle de l’excellent M. Macron, dont nous reparlerons – que le P« S » est de droite. Mais – dans le meilleur des cas, et sans remonter jusqu’à M. Mollet – depuis le mitan des années 1980. Depuis trente années donc, durant lesquelles il n’a jamais –  jamais  – cessé de rallonger son eau de rose de toujours plus de thatchérisme, pour finir dans l’apothéose de l’hollando-vallsisme, qui est l’aboutissement logique – ni plus, ni moins – de ces trois décennies de reniement(s).

C’est donc comme je disais : suggérer, comme font ces « frondeurs » – et Mme Taubira –, que ce tournant droitier serait une nouveauté de l’année revient à se foutre de nos gueules – et il faut maintenant que ça cesse.

[^2]: Je sais, je sais : l’inverse eût été plus sensé. Le truc, c’est que des fois, quand je suis mal réveillé, je fais tout à l’envers.

[^3]: « Prodigieux ! » (Pierre de Ronsard).

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

Temps de lecture : 3 minutes