Nicolas Sarkozy candidat des médias ?

Michel Soudais  • 25 septembre 2014 abonné·es
Nicolas Sarkozy candidat des médias ?

La question n’a rien d’illégitime tant le battage sur le retour de l’Ex dépasse en intensité tout ce que l’on pouvait craindre. Un tambourinage d’autant plus indécent que Nicolas Sarkozy, qui n’était jamais vraiment parti (en dépit de sa promesse d’arrêter la politique) même quand il donnait des conférences à prix d’or devant les puissants de la planète finance, est officiellement candidat à la présidence de… l’UMP. Et rien d’autre. C’est du moins ce qu’il dit… Et comme il assure également n’avoir « jamais menti aux Français » , pourquoi ne pas le croire ? Ou alors oser lui dire qu’il nous prend pour des pommes.

On n’a jamais vu le candidat à la présidence d’un parti décrocher 45 minutes dans le 20 heures de la principale chaîne publique, un dimanche soir, précédé d’un reportage hagiographique presqu’aussi long à la mi-journée. Et obtenir encore, quatre jours plus tard, des trois chaînes d’info publiques, BFMTV, I-Télé, et LCP/Public-Sénat la retransmission intégrale et en direct de son meeting d’entrée en campagne, dans un bel élan de pluralisme digne de feu l’ORTF.

Nonobstant cette triple retransmission , plus de 200 journalistes avaient fait jeudi le voyage de Lambersart pour couvrir le premier meeting de Nicolas Sarkozy censé, on l’a assez entendu, marquer son « retour au peuple » (expression distillée par son entourage).
Dans une ville qui compte parmi les 20 premières villes contributrices à l’ISF, cela laisse songeur. Cette réalité sociologique a pourtant été quasi-unanimement occultée au profit d’un élément de langage très sarkozyste : on était là, nous ont ressassé les forçats de l’info continue, dans la salle où l’UMP avait supplanté le RPR et, surtout, sur une « terre d’élection de Marine Le Pen » . Terre toute relative puisqu’aux européennes la cheftaine du FN a obtenu à Lambersart « seulement » 16,15 %, contre 32,80% dans le département du Nord. Mais rappeler cette donnée électorale eût nui à la légende du Président déchu qui veut se refaire érigé en héros de l’heure.
Ingrat, Nicolas Sarkozy s’est néanmoins posé en victime à la fin de son discours pour appeler les troupes de l’UMP à l’aider : « Nous sommes seuls contre tous » , a-t-il lancé.
Que diraient Bruno Le Maire et Hervé Mariton, les deux autres candidats à la présidence de l’UMP, ignorés des chaînes info et délaissés par la meute médiatique.

Politique Médias
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