Le dénommé Krisboff Larbier

Il s’agit d’un conte qui narre la vie quotidienne au paisible royaume des ékronomistes.

Sébastien Fontenelle  • 23 octobre 2014 abonné·es

J’ai reçu cette semaine un fort plaisant ouvrage [^2], dont l’auteur, François Seine, se trouve être – le monde est, comme je dis toujours, si incroyablement petit qu’on y croise tous les trois mètres (sauf dans la rue de Solférino, à Paris, où le Parti « socialiste » a le siège, et qui représente par conséquent un environnement particulièrement hostile) des camarades – un fidèlecteur de Politis. Il s’agit d’un conte – ou si c’est une fable ? – qui narre la vie quotidienne au « paisible royaume des ékronomistes », dont les contours et l’indigénat de « primates à deux pattes » peuvent éventuellement rappeler des parages moins fictionnels, puisque « l’espèce la plus nombreuse » au sein de sa population est celle du primatus ordinarius consumeris  (POC), reconnaissable notamment à ce qu’il « brûle du pétrole » et « déambule dans la rue tenu en laisse par un grigri numérique » – mais aussi (et surtout) à ce que, par un consentement qui pourrait éventuellement nous offusquer si nous-mêmes n’étions pas si tragiquement dociles, il reste ployé sous la coupe de « primatus liberalus oligarchis »  (PLO), qui fait commerce de tout sauf de scrupules, et « dont le nombre », pourtant, « n’excède guère le centième de la population totale », en sorte qu’il serait assez facile de le dégager durablement du paysage, allez, gars, faut plus rester là [^3].

Mais il est vrai aussi que POC est entretenu dans sa consternante soumission à PLO par un troisième personnage – dont j’aime assez, quant à moi, la description : « primatus domesticus mediatis, une espèce nouvelle obtenue par modification génétique », qui « mobilise les parcelles de cerveau disponibles pour vendre à POC les produits d’Oligarchis », et qui, pour ce faire, « submerge la population de faits divers sanglants, l’assurant que sa vie serait menacée si Oligarchis ne garantissait pas sa sécurité ; fabrique une actualité conforme à la vision du monde d’Oligarchis ; assure quotidiennement que la domination de ce dernier est naturelle et bienfaitrice, fait en sorte que les messages de POC’R (récalcitrant) soient ignorés, déformés ou tournés en dérision » et « est passé maître dans l’art » tout orwellien « de faire croire que le mensonge est la forme institutionnelle de la vérité ». N’est-ce pas goûtu ? Et si je te dis que cette clique est incarnée par un certain « Prujradas » – éminent spécialiste de la fabrication d’une actualité dédiée « au service d’Oligarchis »  – ou par le dénommé « Kriboff Larbier », ne vas-tu pas décider qu’il est temps que tu lises ce livre ? J’escompte que si, et tu feras bien, car sa fin pourrait te réjouir – en tout cas plus, assurément, que le flippantissime quotidien que nous cuit, depuis son retour aux affaires, la clique thatchérienne de la rue de Solférino…

[^2]: Au royaume des ékronomistes, François Seine, éd. Le Pré du Plain, 76 p., 7 euros.

[^3]: Je te rappelle que, si tu n’aimes toujours pas que je fasse des phrases de vingt-cinq kilomètres de long avec des ponctuations casse-bonbons, tu m’écris et je mets directement ta lettre à la poubelle, qu’est-ce que tu crois ?

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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