Manifs propalestiniennes interdites : relaxe pour Alain Pojolat

Politis.fr  et  AFP  • 22 octobre 2014 abonné·es
Manifs propalestiniennes interdites : relaxe pour Alain Pojolat
© PIERRE ANDRIEU / AFP

Alain Pojolat a été relaxé mercredi des poursuites pour organisation de manifestation interdite après des incidents en juillet en marge de protestations contre l’intervention israélienne à Gaza. Le parquet poursuivait ce responsable du NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) pour avoir maintenu à Paris durant l’offensive israélienne deux rassemblements propalestiniens interdits par la police, l’un à Barbès, l’autre à République, et dont il reste des images d’émeutes urbaines et de dérapages antisémites. C’est lui qui avait déclaré ces manifestations en préfecture au nom d’un collectif de partis et d’associations et qui avait été avisé de leur interdiction.

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Au tribunal, ce militant de longue date, âgé de 66 ans, a expliqué que « ce n’était pas à [lui] de [se] c harger de faire respecter cette décision » . « J’ai à prévenir et après la décision est prise collectivement. Mon parti et d’autres organisations ont décidé de maintenir » les appels à manifester. Et d’enfoncer le clou : « C’est une décision collective, je n’aurais pas le pouvoir à moi seul de faire descendre les gens dans la rue. » D’ailleurs, lui-même n’est pas allé aux manifs interdites, où il « savait qu’il pourrait y avoir des violences » , précisément en raison des interdictions.

La procureure , qui réclamait deux mois de prison avec sursis et 1 500 euros d’amende, a vainement tenté d’argumenter que dans le contexte alors tendu, « il fallait peut-être solliciter l’autorisation avant de lancer les actes d’organisation » . Et d’ajouter : « Comme il avait participé à l’organisation, il aurait dû participer à la désorganisation, si je puis dire. » Il était dès lors assez aisé pour Me Jean-Louis Chalanset, avocat d’Alain Pojolat, d’insister sur « la faiblesse de l’argumentaire du parquet » . L’accusation, a-t-il relevé, n’a produit aucune preuve d’un appel personnel de son client à manifester après la notification de l’interdiction. « Il a simplement transmis en disant : mon organisation prendra sa décision. J’aurais compris qu’on poursuive le NPA en tant que personne morale, mais c’est compliqué de poursuivre une organisation politique, ça aurait été très malvenu » , poursuit l’avocat, qui voit dans ce procès la traduction de « la position tout à fait pro-israélienne du gouvernement français » . Avant de conclure : « Évidemment il doit être relaxé, sauf à estimer qu’organiser une manifestation propalestinienne est un délit en soi. Évidemment il s’agit de remettre en cause la solidarité avec les Palestiniens. »

Si le tribunal a, fort raisonnablement, suivi cette plaidoirie , cette affaire témoigne, comme l’a souligné Alain Pojolat à l’issue du procès de « l’acharnement du gouvernement français contre tous ceux qui osent relever la tête » . Il a dénoncé « un dossier politique du début à la fin » .

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