Un manifestant retrouvé mort sur le site du barrage de Sivens

Michel Soudais  • 26 octobre 2014 abonné·es
Un manifestant retrouvé mort sur le site du barrage de Sivens
© Photo: PASCAL PAVANI / AFP

Un jeune homme est décédé dans la nuit de samedi à dimanche sur le site du futur barrage contesté de Sivens (Tarn), à l’issue d’un rassemblement festif et joyeux auquel ont participé plusieurs milliers de personnes au Testet. Pour l’heure, les causes exactes du décès de Rémi, 21 ans, sont encore indéterminées, a expliqué à la presse le procureur d’Albi Claude Dérens, qui attend les premiers résultats de l’autopsie prévue lundi à la mi-journée. Seule certitude, la victime est décédée au moment où des affrontements violents opposaient une centaine d’opposants radicaux aux gendarmes présents sur le site, lesquels ont fait grand usage de grenades lacrymogènes et assourdissantes, ainsi que de flash-balls, selon le récit de nos confrères de Reporterre. Mais quelles que soient les circonstances exactes de ce décès, cela semble bien être le premier dans une lutte écologiste en France depuis la manifestation de Creys-Malville de 1977.

Soutenu par le conseil général du Tarn à majorité socialiste, qui le juge indispensable pour irriguer les terres agricoles, le projet de barrage-réservoir de 1,5 million de m3 d’eau stockée est un de ces grands projets inutiles que les élus, assez régulièrement, sont fiers de lancer. Coûteux (8,4 millions d’euros), ce projet qui va détruire une zone humide est principalement dédié à l’irrigation de cultures de maïs, c’est-à-dire à un petit nombre d’exploitants pratiquant une agriculture intensive. Il est très critiqué par le rapport d’experts commandé par le ministère de l’Écologie, et qui doit être remis lundi à Ségolène Royal.

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Depuis le début des travaux de déboisement , le 1er septembre, les forces de l’ordre ont multiplié les interventions musclées, usant parfois d’une violence disproportionnée. Elles n’ont ainsi pas hésité à brûler les affaires personnelles de certains opposants en vue de *« casser le moral des militants »]. Le 7 octobre, le peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG), une unité spéciale de la gendarmerie départementale, a été jusqu’à envoyer une grenade dans une caravane abritant quatre personnes, provoquant l’hospitalisation de l’une d’entre elles, touchée à la main. ** Cette brutalité policière n’avait toutefois fait jusqu’ici, si l’on peut dire, que des blessés. Treize parmi les militants, recensions-nous dans un article publié le 16 octobre.

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Dès le 10 septembre, une soixantaine d’élus d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) et du Parti de gauche exigeaient dans une lettre ouverte, dont nous nous étions fait l’écho, que  « cessent les violences incompréhensibles à l’égard des opposants au projet de barrage et qu’un moratoire soit décidé, avec l’arrêt immédiat du déboisement ». On ne peut que regretter ce soir qu’ils n’aient pas été entendus.

Écologie
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