EPR : la polémique nucléaire redémarre de plus belle

Le nouveau retard pris par le chantier risque d’enterrer la promesse de Hollande de fermer la centrale de Fessenheim avant 2017.

Patrick Piro  • 19 novembre 2014 abonné·es
EPR : la polémique nucléaire redémarre de plus belle
© Photo : CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Le plus gros fiasco industriel du lobby nucléaire français depuis l’abandon du surgénérateur Superphénix en 1997: voilà le titre auquel peut désormais postuler le réacteur dit « de nouvelle génération » en construction à Flamanville (Manche). EDF vient d’annoncer un nouveau retard dans la mise en service du premier EPR français. C’est le troisième report : il ne devrait être raccordé au mieux qu’en 2017, soit cinq ans (ou plus) après la date initialement prévue. Et la facture finale pourrait s’élever à quelque 9 milliards d’euros, pas loin d’un triplement de l’estimation de départ. Face à cet ogre financier, l’éolien est déjà concurrentiel. Pour peu, le solaire photovoltaïque le sera aussi bientôt.

Les anti-nucléaires ne rateront pas l’occasion de tirer sur l’ambulance. Et puis les malheurs de l’EPR vont réouvrir un front politique saignant : quid de la fermeture de la vieille centrale de Fessenheim, qui approche les 40 ans ? En effet, la loi de transition énergétique, au chapitre nucléaire, se contente de fixer la puissance maximum du parc des centrales — à 63,2 gigawatts (GW), soit sa valeur actuelle. Les écologistes avaient accepté, bon gré mal gré, ce troc perdant : pour que l’EPR (1,6 GW) entre en service, il faudrait fermer Fessenheim (1,8 GW, ou une centrale de puissance équivalente) pour respecter ce plafond. Sauf à supposer que Hollande tienne sa promesse de candidat — nous n’y sommes pas habitués —, le scénario « catastrophe » pour les anti-nucléaires serait le retour de la droite au pouvoir en 2017, qui s’empresserait d’amender la loi de transition énergétique. Bilan : aucune fermeture de vieille centrales, et l’entrée dans le parc d’un EPR somptuaire.

Écologie
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes
Décryptage 30 juin 2025 abonné·es

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes



La « loi Duplomb » est discutée en commission mixte paritaire à partir de ce lundi 30 juin. Le texte ne bénéficiera qu’à une poignée de gros agriculteurs et invisibilise celles et ceux qui défendent une agriculture paysanne et vertueuse.
Par Vanina Delmas
Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie
Agriculture 30 juin 2025

Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie

La loi Duplomb offre de nombreux cadeaux aux défenseurs de l’agriculture productiviste. Cette générosité a émaillé les deux quinquennats d’Emmanuel Macron notamment en matière de pesticides, de fermes-usines et de mégabassines.
Par Vanina Delmas
« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides
Reportage 27 juin 2025 abonné·es

« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides

Plusieurs centaines de militants, paysans et habitants ont bloqué ce 27 juin cette usine de produits agrochimiques, à Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire. À quelques jours du vote de la loi Duplomb, ils dénoncent un système agricole toxique qui empoisonne les corps, les sols et les récits.
Par Maxime Sirvins
VivaTech : le salon des start-ups écocides
Reportage 13 juin 2025 abonné·es

VivaTech : le salon des start-ups écocides

Paris accueille Viva Technology, le plus grand salon européen dédié au secteur de la tech et aux start-ups. Dans ce temple de la sacro-sainte innovation, l’écologie est l’éternelle absente, cantonnée à de néfastes inventions technosolutionnistes.
Par Thomas Lefèvre