Les nouveaux insoumis

La frontière est de plus en plus nette entre ceux qui veulent rompre avec l’ordre établi et ceux qui cherchent à l’aménager. La question révolutionnaire en vient à se poser de nouveau.

Ingrid Merckx  • 27 novembre 2014
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Les nouveaux insoumis
© Photo : AFP PHOTO/JEAN-SEBASTIEN EVRARD

Jihad et ZAD. Rien à voir, bien sûr, sinon que ce sont deux phénomènes sociaux qui se cristallisent autour de la jeunesse. D’un côté, des adolescents en déshérence récupérés par des dérives sectaires. De l’autre, une génération écœurée par un système qui ne croit plus en rien et qui tente d’écraser sa révolte, comme les événements survenus au Testet, lors des manifestations d’opposition au projet de barrage de Sivens, l’ont montré.

Ces dernières ont mis en évidence la violence de la réponse que les pouvoirs publics leur opposent et la défaillance générale à écouter et à comprendre ce que ces mouvements veulent exprimer.

Ni « conflit de génération » ni « crise d’autorité », mais dégoût pour les partis traditionnels, le mensonge, le cynisme et les dysfonctionnements des démocraties capitalistes. Zadistes, groupe de Tarnac, Comité invisible ou collectif Mauvaise Troupe : il y a des groupes et des gens, jeunes et moins jeunes d’ailleurs. Pas un mouvement mais plusieurs qui se font écho et se retrouvent sur la défense de « territoires » qu’ils veulent soustraire à un projet inutile et nuisible (aéroport, barrage) ou à la domination de l’État, et où une vie en commun s’organise sans passer par des organisations.

Pour Éric Hazan, éditeur du Comité invisible, la frontière est de plus en plus nette entre ceux qui veulent rompre avec l’ordre établi et ceux qui cherchent à l’aménager. Forts des insurrections survenues depuis 2008 en Tunisie, en Grèce, en Espagne, mais aussi en Egypte, en Turquie ou au Chili, ils viennent reposer la question révolutionnaire. En prise avec le réel ou, disent-ils : « au ras de l’expérience ».

Temps de lecture : 2 minutes
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