Main basse sur les aéroports

L’État cède Toulouse-Blagnac à des investisseurs chinois.

Thierry Brun  • 11 décembre 2014 abonné·es

Le gouvernement a donné le coup d’envoi à un programme de cessions d’actifs de l’État en privatisant l’aéroport de Toulouse-Blagnac, le sixième plus important de France. Il lance ainsi le message que la braderie des services publics est ouverte aux investisseurs étrangers. Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, dont le projet de loi pour l’activité prévoit également la privatisation des aéroports de Lyon et de Nice, a choisi le consortium Symbiose. Celui-ci est constitué de deux investisseurs chinois, dont un champion des placements spéculatifs dans les paradis fiscaux.

Le consortium a mis sur la table 308 millions d’euros pour détenir 49,99 % du capital de la très rentable société Aéroport Toulouse-Blagnac (ATB). Les élus écologistes de Haute-Garonne et de Midi-Pyrénées dénoncent un développement « sans maîtrise publique de cet équipement majeur. Comment pourrons-nous assurer une protection efficace des riverains et des habitants de notre agglomération face aux nuisances environnementales, en particulier sonores ? ». Selon Manuel Valls, l’aéroport de Toulouse « va rester majoritairement dans les mains des collectivités territoriales et de l’État ». Or, le gouvernement a abandonné les pouvoirs de l’État dans un pacte d’actionnaires qui laisse les mains libres aux investisseurs privés [^2]. Sénatrice socialiste, Marie-Noëlle Lienemann a protesté contre l’ouverture du capital des aéroports, « un scandale comparable à la privatisation des autoroutes par la droite ». Ainsi, « le gouvernement mène une politique comparable à ce qui a été fait en Grèce, où les ports ont été privatisés et vendus aux Chinois ».

[^2]: Lire « Aéroport de Toulouse : les preuves du mensonge », 7 décembre, Mediapart.

Société
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