ZAD éclair à Marseille

Du 22 au 29 janvier, des citoyens ont tenté de défendre un espace vert. Une expérience inédite en milieu urbain.

Emmanuel Riondé  • 5 février 2015 abonné·es

Vendredi 30 janvier au matin, la police a mis fin à une expérience sans précédent au cœur de la deuxième ville de France [^2]. Pendant huit jours, une centaine de personnes se sont relayées nuit et jour pour occuper un petit parc public promis à la construction d’un immeuble. Cédé par la mairie à Unicil, groupe immobilier intervenant dans l’habitat social, le parc Michel-Lévy a longtemps été le seul espace vert du quartier. En lieu et place devrait bientôt se dresser un immeuble d’une cinquantaine de logements et un parking public sur trois niveaux. La mairie et l’acquéreur Unicil ont eu beau répéter ces dernières années qu’un jardin y serait recréé «  à l’identique  », personne n’y a jamais cru. Malgré sept ans de lutte citoyenne, de démêlés judiciaires en tentatives de récupération politique, la mobilisation a fini par s’essouffler, surtout après la fermeture du parc en juin 2013. Mais l’arrivée des engins sur le site, le 21 janvier, et l’abattage des premiers arbres ont ranimé la flamme.

Dès le premier soir de l’occupation, le 22 janvier, un immense tag signalait à l’entrée : «  ZAD Michel-Lévy à la mémoire de Rémi Fraisse  ». Le ton était donné. Et du haut du micocoulier où il avait installé sa plateforme, le militant de Greenpeace David Escalier ne se faisait pas prier pour confirmer : «  Nous sommes liés à toutes les ZAD, celles du Testet, de Notre-Dame-des-Landes, de Center Parcs…   » Riverains, militants écolos chevronnés, zadistes de la nouvelle génération – dont un bon nombre passés par Sivens –, Marseillais refusant le bétonnage de la ville, beaucoup, durant la séquence, ont choisi de s’appeler Michel(le). «  Le but premier, c’était l’occupation », résume Valeria, dont les enfants ont appris à faire du vélo dans le parc Michel-Lévy. Mercredi 28 janvier, jour des enfants, les zadistes ont organisé une réappropriation ludique du jardin : tipis, balançoires, souches d’arbres bariolées. Deux jours et une intervention de police plus tard, le bruit des tronçonneuses sonnait le glas de cette parenthèse. Avec la promesse de poursuivre la lutte quand sera dissipée l’amertume de ce triste épilogue.

[^2]: Lire notre récit de l’évacuation sur Politis.fr

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

En amont des municipales, L214 alerte sur l’hécatombe des animaux
Reportage 13 octobre 2025 abonné·es

En amont des municipales, L214 alerte sur l’hécatombe des animaux

Lors d’une action dans 35 villes françaises, samedi 11 octobre, L214 a affiché des compteurs d’animaux tués pour l’alimentation. L’objectif : interpeller les candidat·es aux prochaines élections municipales dans le cadre de leur campagne, le Sauvetage du siècle.
Par Caroline Baude
Mégacanal : l’imposture écologique d’un « aquarium de béton »
Reportage 10 octobre 2025

Mégacanal : l’imposture écologique d’un « aquarium de béton »

Le canal Seine-Nord Europe devrait voir le jour dans les Hauts-de-France en 2030. Un chantier colossal, qui a un impact sur les terres agricoles et les ressources en eau.  
Par Vanina Delmas
Agro-industrie : comment le mégacanal attire une usine d’engrais chimique
Reportage 10 octobre 2025 abonné·es

Agro-industrie : comment le mégacanal attire une usine d’engrais chimique

Dans la Somme, l’arrivée de l’usine FertigHy, destinée à fabriquer de l’engrais chimique dit « bas carbone », inquiète les élus locaux et les riverains. Un projet qui coïncide avec le chantier du Canal-Nord-Seine-Europe, lui aussi contesté.
Par Vanina Delmas
Lutte contre les pesticides : « On a l’impression que tout est fait pour que ça traîne »
Entretien 16 septembre 2025 libéré

Lutte contre les pesticides : « On a l’impression que tout est fait pour que ça traîne »

L’Anses et Santé Publique France ont publié une nouvelle étude sur les pesticides. Mais elle ne s’intéresse pas aux liens avec les pathologies, pourtant primordial. Entretien avec Pierre-Michel Périnaud, président de l’association Alerte des médecins sur les pesticides.
Par Caroline Baude