Bruno Le Roux ou l’art d’être du côté du manche

Pour le président du groupe des députés PS, David Cameron a gagné parce qu’il a eu « le courage de réformer ». En janvier, il assurait que son parti avait « beaucoup de choses en commun » avec Syriza.

Michel Soudais  • 9 mai 2015 abonné·es
Bruno Le Roux ou l’art d’être du côté du manche
© Photo: Pierre Andrieu / AFP

La réélection de David Cameron est-elle un encouragement pour François Hollande ? C’est le stupéfiant point de vue de Bruno Le Roux. Interrogé vendredi matin sur le résultat des élections au Royaume-Uni, le chef de file des députés socialistes, qui était l’invité de Radio Classique/LCI, n’était nullement affecté par la victoire écrasante des conservateurs britanniques : « J’en tire une leçon, c’est que quand on a le courage de réformer, ça peut payer au niveau de l’opinion publique : c’est exactement ce qui se passe et va se passer dans notre pays. » Selon le député de Seine-Saint-Denis, David Cameron « a montré que quand on avait le courage de réformer, c’était difficile d’être remplacé » . Ce qui rassure ce hollandophile : « Je pense que dans deux ans ce qui sera crédité ce sera le courage du Président de la République. »

Cette déclaration ont aussitôt fait réagir l’aile gauche du PS. Dans un tweet, Emmanuel Maurel l’a jugée « effarante », tandis que Benoît Hamon s’interrogeait :

En revanche elle a été saluée ironiquement à droite, notamment par l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac :

Mais il y a plus cocasse. Fin janvier, le même Bruno Le Roux avait déjà surpris en se félicitant de la «belle victoire» de… Syriza. Une «bonne chose pour l’Europe» . Le 26 janvier, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale assurait ainsi au micro de France info avoir lu le programme du parti de la gauche grecque. « Nous partageons beaucoup de choses en commun » (sic), avait-il affirmé, énumérant ce qui rapproche selon lui Syriza du PS : la sortie des politiques d’austérité, la mutualisation de la dette… Tout en soutenant contre toute évidence que « les propositions de M. Tsipras ont déjà été réalisées par la gauche depuis bien longtemps » .
A trop vouloir se ranger du côté des vainqueurs, M. Le Roux paraît bien avoir ruiné le peu de crédit qui lui restait.

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