Grèce-UE : accord historique ou «coup d’État financier» ?

Seuls le PG et Jean-Luc Mélenchon critiquent la position du Président français, loué par ses partenaires politiques.

Erwan Manac'h  • 13 juillet 2015 abonné·es
Grèce-UE : accord historique ou «coup d’État financier» ?

Des frondeurs socialistes en passant par le Parti communiste, beaucoup à gauche saluent ce lundi « l’influence » de François Hollande sur les négociations entre l’UE et la Grèce, qui ont débouché lundi matin sur un accord très dur pour les Grecs.

Lire > Le texte intégral de l’accord UE-Grèce

Il faut chercher du côté de Jean-Luc Mélenchon pour trouver une note plus critique. L’ancien chef de file du Front de gauche a jugé lundi que François Hollande n’était qu’un « simple assesseur » de la chancelière allemande Angela Merkel. « C’est l’agenda de Mme Merkel qui sert de base aux discussions » dénonce-t-il, critiquant l’intervention « beaucoup trop tardive » du chef de l’Etat :

« Telle est dorénavant l’Union européenne. Un revolver sur la tempe, une nation déjà asphyxiée et placée sous blocus financier doit conclure un “accord“ après treize heures de “discussion“ (…). Le gouvernement d’Alexis Tsipras a résisté pied à pied comme nul autre ne l’a aujourd’hui fait en Europe. Il accepte donc un armistice dans la guerre qui lui est menée »

Voir la vidéo de sa conférence de presse :

Éric Coquerel, secrétaire national du Parti de Gauche et conseiller régional d’Île-de-France a lui aussi vivement réagit sur twitter en dénonçant un « coup d’État financier »   :

Ceux qui saluent un accord, « quelque soit son contenu »

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF « se félicite du rôle positif qu’a joué la France dans la conclusion de cet accord ». Il loue aussi « courage d’Alexis Tsipras (…) qui a ouvert un chemin, pour la première fois un gouvernement a osé résister » même s’il juge « très dures» les concessions imposées par l’Eurogroupe.

« Il faut se souvenir que jusqu’à il y a quelques heures les dirigeants allemands ont cherché l’expulsion de la Grèce de la zone euro et cherchaient son asphyxie financière progressive » , a ajouté Pierre Laurent sur BFM TV.

Pour EELV, Emmanuelle Cosse salue la conclusion d’un accord « quel que soit son contenu » . Sa « dureté » « pose la question de comment mettre de la démocratie dans ces débats » , juge toutefois la secrétaire nationale du parti écologiste, qui demande une « conférence de la dette européenne et pas seulement sur la Grèce »

Dans un communiqué, EELV a également regretté la « pression excessive exercée sur la Grèce » et demandé que les 35 milliards d’euros d’investissement aillent « à l’économie réelle et (…) sur les filières d’avenir ».

François Hollande, loué par les siens

Côté socialiste, on assiste à un concert de louanges sur le « courage » du chef de l’État dans ce « moment historique » .

Accord ! Moment historique. La Grèce, c’ est l’Europe. La France a joué son rôle jusqu’au bout ! MV? Manuel Valls (@manuelvalls) 13 Juillet 2015

« La France, par la voix de François Hollande, a pesé de tout son poids pour permettre cette issue heureuse » , se réjouit Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale. Elle « a refusé d’abandonner le peuple grec », claironne Didier Guillaume, président du groupe PS au Sénat.

Le Parti socialiste, dans un communiqué, s’exprime au nom de « toute la gauche et des écologistes qui ont fait bloc au parlement dans le pays contre le Grexit » pour saluer « l’aboutissement de leurs efforts communs ».

« La France, par la voix du président de la République a joué un rôle central avec sagesse et détermination (…), l’Europe a su rester fiable tout en étant solidaire » , se félicite le PS.

Même enthousiasme du côté du Parti radical de gauche. Par l’intermédiaire de son président Jean-Michel Baylet, il « salue le sens des responsabilités d’Alexis Tsipras et se félicite du rôle déterminant de la France et de son Président François Hollande.»

Même le « frondeur » Jérôme Guedj s’est rallié ce matin à ce concert de louanges pour le Président français.

Pour Guillaume Balas, député européen et « frondeur » lui-aussi, « la crise n’est pas achevée, elle commence » .

Le secrétaire général et porte-parole du courant « Un monde d’avance » s’exprimait ce lundi sur Facebook :

« Heureux que la Grèce n’ait été obligée de sortir de la zone Euro contre son vœu, heureux de l’implication de la France et de François Hollande, inquiet du contenu concret des demandes supplémentaires à un Tsipras déjà bien courageux ».

Monde
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