Le documentaire, ce malade bien portant

Financements et audiences : telles sont les interrogations exprimées au Sunny Side.

Jean-Claude Renard  • 1 juillet 2015 abonné·es
Le documentaire, ce malade bien portant
© Photo : Heather Walsh

La période se veut aux annonces. Tourné vers les professionnels, le festival Sunny Side, tenu à La Rochelle entre le 22 et le 25 juin, est chaque année l’occasion pour les chaînes de présenter leur rentrée. À France Télévisions, on défend « un cap, une ligne, une méthode », avec une identité pour chaque chaîne du groupe. Changement notable : sur France 3, les cases docu seront plus proches de la deuxième partie de soirée, et c’est tant mieux. À France 2, l’histoire contemporaine ; à France 5, les sujets société ; à France 4, les nouvelles écritures ; à France Ô, les cultures urbaines et les questions climatiques. Pour le coup, la conférence Climat occupera toutes les chaînes à la rentrée, comme sur Canal + et Arte, avec une programmation fournie.

Au-delà de ces présentations, le Sunny Side, où se jouent les marchés à venir, est aussi l’occasion de prendre la température. Il n’y a jamais eu autant de documentaires sur le petit écran (2 580 heures en 2014), de chaînes partenaires et de coproductions. Néanmoins, les tensions et les crispations sont palpables. Déjà, on regrette la disparition de la case documentaire du lundi soir sur la chaîne Public Sénat. La question qui taraude, c’est le nerf de la guerre. « Nous vivons une période difficile, de transition, a souligné Caroline Behar, directrice de l’unité documentaire sur France 5, en espérant des financements pérennes. » De fait, après la baisse des dotations régionales, on s’élève contre la réforme du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), grand pourvoyeur de fonds. En 2014, 35,8 % de son soutien financier est allé au documentaire (soit 80 millions d’euros), contre 38,4 % en 2013. Cette « refonte du mode de calcul du soutien », trop vite mise en place, selon producteurs et diffuseurs, vise évidemment à faire des économies. Elle tendrait à défendre le doc historique et scientifique ou de création plutôt que le magazine et le reportage. De quoi encourager les audaces, mais au risque de fragiliser les petites boîtes.

En attendant, l’heure est au tuilage. En cette période de passation de pouvoir à France Télé, entre Rémy Pflimlin et Delphine Ernotte, en fonction le 22 août, qu’y aura-t-il dans les nouveaux cartons ? Reste une constante : les audiences. Ou comment les prolonger, voire s’en affranchir ? Certains ont la réponse : se tourner vers le numérique. Le webdoc (comme la websérie) est encore peu présent, tandis que la télé de rattrapage reste peu sollicitée. Le chantier est ouvert.

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