Université d’été d’Attac France : ça va chauffer !

La Grèce et le climat vont dominer les débats lors de l’université d’été d’Attac France qui se tiendra du 25 au 28 août à Marseille. Chaud devant !

Thierry Brun  • 24 août 2015
Partager :
Université d’été d’Attac France : ça va chauffer !

« Climat, dette, austérité : ça va chauffer ! » . Le slogan de la 14e université d’été d’Attac France est rattrapé par l’actualité en Grèce, alors que plus de 600 participants sont attendus dans les locaux de l’université Saint-Charles à Marseille.

L’université ouvrira ses portes par une première conférence plénière sur le thème : « Quelle Europe possible ? » , qui fera apparaître les doutes des altermondialistes après à la validation du troisième plan d’aide à la Grèce par le gouvernement d’Alexis Tsipras. L’accord a été jugé « désastreux pour la Grèce et pour l’Europe » par Thomas Coutrot, un des trois porte-parole d’Attac France [^2]. L’économiste estime qu’un plan B proposé par la Grèce, « même assorti d’une expulsion de la zone euro, aurait mieux valu pour la Grèce et pour l’Europe que l’accord du 13 juillet » .

L’annonce de la démission du Premier ministre grec et l’organisation d’élections législatives anticipées nourriront aussi les débats, malgré l’annulation de la venue à cette conférence de la présidente du Parlement grec, Zoé Konstantopoulou. Celle-ci devrait s’exprimer à distance lors d’une téléconférence tandis que Juan Laborda, économiste de Podemos, Pedro Arrojo, d’Attac Espagne, ainsi qu’Éric Toussaint, président du CADTM-Belgique et coordinateur scientifique de la Commission pour la vérité sur la dette grecque, mise en place par le Parlement grec, participeront à cette conférence.

Débats animés en perspective

Lors d’un appel à contribution lancé au sein de l’association altermondialiste, des avis différents se sont exprimés après l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciers. « Il n’y a pas de divergences majeures. Notre position était de dire : il faut rester dans l’Europe, la zone euro et agir par la désobéissance et la résistance dans l’Europe actuelle. Le débat d’aujourd’hui a évolué : est-ce qu’il n’est pas inévitable que la sortie de l’euro soit envisagée en mettant l’accent sur le refus de l’austérité ? » , s’interroge un militant d’Attac qui pose une autre question : « La nationalisation des banques, le contrôle des capitaux, l’annulation de la dette, ce genre de mesures ne veut-il pas dire que cela nous en marge des règles actuelles de la zone euro ? » .

« On a invité des responsables des Attac d’Europe à Marseille pour essayer d’harmoniser nos visions avant les mobilisations prévue en octobre, ajoute Dominique Plihon, un des porte-parole d’Attac France. Mais c’est clair qu’il y a des différences d’appréciation, par exemple entre Attac Allemagne et Attac France. Il y aura des débats très forts sur le Grèce et l’Europe et ce sera très unis sur la question de la conférence sur le réchauffement climatique… » .

La crise grecque dominera-t-elle les débats alors que l’autre grand thème de l’université porte sur le réchauffement climatique ? Geneviève Azam, porte-parole de l’association altermondialiste, n’est pas inquiète : « Les comités locaux d’Attac marchent sur leurs deux jambes, la question du climat pose aussi celle de la stratégie économique. La Grèce paie le prix écologique des choix industriels et d’un modèle économique fondé sur la croissance. Ce qui est catastrophique. Notre travail est de relier ces questions » . Des Forums et de nombreux ateliers aborderont la financiarisation de la nature, les ressources énergétiques, les accords de libre échange, les grands projets inutiles imposés et les mobilisations à venir.

Forte mobilisation sur le climat

« Si réellement nous ne changeons pas la trajectoire des émissions de gaz à effet de serre, on peut penser que les débats sur l’austérité n’auront plus aucun sens » , ironise Geneviève Azam, coauteur du dernier opus d’Attac France, intitulé « Le climat est notre affaire » [^3]. L’économiste n’attend pas de percée significative lors de la prochaine conférence internationale sur le climat (COP 21) qui aura lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre, mais assure que, contrairement à la Grèce, « il y aura une très forte mobilisation citoyenne lors de la COP 21, dont Attac est partie prenante. Le mouvement pour une justice climatique a pris une grande ampleur et des choses intéressantes sont en train de se créer. Contrairement à la Grèce, il y a déjà la mise en œuvre d’alternatives. On voit fleurir des initiatives locales citoyennes, parfois de taille importante » . Il en sera question lors de la plénière de clôture avec la participation de Nnimmo Bassey (Oil watch), Amélie Cannone (AITEC)et Pablo Solon (Fondation Solon).

Résistances et alternatives seront au cœur des 3 journées d’université. Une place importante « sera réservée à des formations à l’action pour s’approprier des formes innovantes d’intervention, de résistances et d’éducation populaire » . Par exemple, pour préparer la rentrée des « faucheurs de chaises » , l’association altermondialiste a prévu des formations à la réquisition citoyenne… Succès garanti.

[^2]: Dans un tribune publiée dans Le Monde le 16 juillet

[^3]: Editions Les Liens qui libèrent.

Monde Écologie
Temps de lecture : 4 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert
À Nîmes, l’écologie populaire s’empare du logement
Reportage 9 juillet 2025 abonné·es

À Nîmes, l’écologie populaire s’empare du logement

Dans cette ville du Gard violemment touchée par les canicules, l’habitat « bouilloire » fait les premières victimes de ces vagues de chaleur d’une intensité croissante. Une thématique au cœur du festival les Vers du Ter-Ter.
Par Embarek Foufa