Il y a 50 ans, le premier rapport sur le réchauffement climatique

Le 12 novembre 1965, le président américain Lyndon B. Johnson recevait le premier rapport scientifique détaillé annonçant tous les dangers du dérèglement climatique.

Claude-Marie Vadrot  • 10 novembre 2015 abonné·es
Il y a 50 ans, le premier rapport sur le réchauffement climatique
© Photo: Lyndon B. JOHNSON à New York, le 3 octobre 1965 [ The Art Archive / F&A Archive ]

Les pays industrialisés ont commencé ce lundi à Paris, en compagnie du le ministre du pétrole saoudien, leur course de lenteur et d’astuces diplomatiques vers la COP 21 pour éviter de prendre des décisions. Et le Congrès des Etats Unis explique plus que jamais dans la presse comment et pourquoi la majorité de ses membres torpilleront les décisions éventuelles du Président Obama : il signera sans doute un accord a minima que son pays ne ratifiera jamais…

Il y aura 50 ans pourtant ce jeudi 12 novembre, qu’un président américain, Lyndon B. Johnson, a reçu le premier rapport scientifique détaillé annonçant tous les dangers du dérèglement climatique alors déjà en cours. Ce travail scientifique, « Rétablir la qualité de notre environnement », préparé par un Comité de savants et d’économistes qui avait été nommé par le Président Kennedy et maintenu par son successeur après son assassinat, comportait un important chapitre sur les dangers de l’accumulation du dioxyde de carbone (CO 2). Ce texte, explique aujourd’hui le professeur de l’Université de Stanford, Ken Caldeira, qui l’a exhumé et attentivement lu, envisageait tous les dégâts aujourd’hui constatés : depuis la fonte des glaciers jusqu’à l’élévation des niveaux des mers, en passant par le réchauffement global, les tornades et cyclones plus violents et l’acidification des océans.

Un rapport qui a ensuite été aussi bien ignoré par les autorités américaines que par les responsables des Nations Unies qui ont fait semblant de le découvrir dans les années 80. Sans en tirer, en 1988, une autre conclusion que la création du GIEC, un organisme scientifique que les uns et les autres espéraient voir rapidement enterré dans les profondeurs de la bureaucratie onusienne. Mais qui leur a échappé sous la pression de scientifiques intègres et indifférents aux pressions diplomatiques des membres du G 7 organisées par les Allemands, les Américains et les pays du Golfe.

Résultat, en dehors des décisions de réduction en trompe l’œil votées à Kyoto en 1997 et ignorées par la plupart des pays industrialisés, il ne s’est pas passé grand-chose en une vingtaine de « conférences climat » et l’année 2015 sera probablement « proclamée » la plus chaude depuis que les relevés météo existent, juste après la fin de la conférence de Paris. Les pressions se faisant insistantes auprès de l’Organisation Mondiale de la Météo pour qu’elle évite de fournir prématurément et officiellement l’information qui ne fait plus de doute pour les scientifiques…

Pourtant, au cours de la réunion parisienne qui s’annonce, il ne sera pas question de science, de recherche, de dégâts ou de victimes. Les négociations seront avant tout économiques, politiques et diplomatiques. Il ne faudra en effet pas moins de douze jours pour tenter de supprimer le bon millier de parenthèses et de verbes au conditionnel que contient encore le texte de 30 pages qui sera soumis aux plénipotentiaires de 195 pays dont les représentants évoquent déjà la capitale où ils se réuniront une fois de plus l’année prochaine.

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