Kurdes : l’indifférence européenne tue des civils

«En raison de l’imminence d’un nouveau drame», une députée du HDP lance un appel pressant pour l’évacuation des populations bombardées par l’armée turque.

Chloé Dubois (collectif Focus)  • 26 février 2016
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Kurdes : l’indifférence européenne tue des civils
© Photo : AFP / ILYAS AKENGIN - le 3 février 2016 - Diyarbakir, Turquie

Les bombardements du président Erdoğan (AKP) dans les zones kurdes de Syrie ont fait réagir l’opinion internationale. Mais la guerre menée au Kurdistan turc ne suscite qu’indifférence. Après Cizre, de nouveaux appels sont lancés depuis la ville de Diyarbakir, notamment à destination de l’Union européenne. Pour que la guerre civile entreprise par Recep Tayyip Erdoğan contre «les terroristes» ne reste pas ignorée, et que les exactions contre les civils cessent.

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C’est le cas d’une lettre de Sibel Yiğitalp datée du 24 février qui nous est parvenu ce matin : «Je suis membre de la grande Assemblée nationale de Turquie, élue dans la province de Diyarbakir. Je vous écris cette lettre du district de Sur, dans le centre historique de Diyarbakir, qui est actuellement bombardé par les forces armées turques.» Sibel Yiğitalp est députée du Parti démocratique des Peuples (HDP), parti pro-kurde. Informée que plus de deux cent personnes étaient «piégées dans des sous-sols où elles s’étaient réfugiées pour se protéger des tirs d’artillerie», l’élue réclame des «mesures urgentes», et rapides.

Depuis août 2015, Sur a été soumise à 6 couvre-feux décrétés pour des durées indéterminées. Le dernier couvre feu qui est en cours depuis le 11 décembre 2015 a coûté la vie à plus de 100 civils. Les tirs d’artillerie sur les différents quartiers du district ont par ailleurs entraîné la destruction d’une grande partie des habitations et du patrimoine historique, et provoqué le départ forcé de dizaines de milliers d’habitants. Je lance cet appel en raison de l’imminence d’un nouveau drame. 

Selon elle, «ces personnes sont quasiment toutes des civils», dont au moins vingt enfants. De même qu’à Cizre, où plus d’une dizaine de civils bloqués sous les décombres d’un immeuble auraient été tués, les personnes bloquées sont blessées et risquent d’être visées à tout moment.

Nous avons reçu des appels téléphoniques des personnes piégées sous les bombes. Elles ont indiqué que leur situation s’empirait avec l’augmentation du nombre de personnes blessées par les tirs d’artillerie et l’aggravation de leur état. Au cours de la dernière semaine, douze personnes ont été tuées par les forces de sécurité. Leurs corps gisent encore dans la rue, leurs proches ne pouvant les récupérer du fait du pilonnage continu des quartiers. 

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La députée explique dans cette missive avoir alerté les instances et les représentants du gouvernement dans la ville afin qu’un «couloir d’évacuation» soit installé, et permettre aux civils de quitter le sous-sol. Mais depuis plus d’une semaine, cet appel est resté sans réponse…

Qu’en sera-t-il du gouvernement français et de l’Union européenne?

Nous sommes face à une guerre engagée contre la population de Sur. Nous lançons cet appel pour vous demander de prendre des mesures urgentes afin d’exhorter le Gouvernement turc à lever le couvre-feu sur Sur, ne serait-ce que provisoirement, pour permettre l’évacuation des civils. 

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Monde
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