Guerre de l’eau contre Suez aux portes de Paris !

Des associations, élus et citoyens lancent un appel aux dons pour contester l’offensive de la multinationale devant les tribunaux

Collectif  • 6 mai 2016
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Guerre de l’eau contre Suez aux portes de Paris !
© Photo: Jean-Louis Chaussade, PDG de Suez Environnement (ERIC PIERMONT / AFP)

Dans les alcôves feutrées du Grand Paris, se joue une véritable « guerre de l’eau » avec pour enjeu l’attribution des contrats à l’échelle des territoires. D’un côté, les partisans de la régie publique, collectifs, associations, et collectivités gestionnaires de régies publiques. De l’autre, les tenants de la gestion privée, soutiens des délégations de service public auprès des majors que sont Véolia, Suez et La Saur.

Les auteurs:

Jean-Claude Oliva, directeur de la Coordination Eau Ile-de-France

Emmanuel Poilâne, directeur de la Fondation France Libertés Danielle Mitterrand

Mounia Benaili et Vivien Rebière, porte-paroles d’Eau publique Nord Essonne

Gabriel Amard, co-fondateur de la Coordination Eau Bien Commun France

Bernard Maurin, porte-parole du Collectif Eau Viry

Dans ce contexte, Suez avance ses pions. La multinationale bénéficie déjà d’un quasi-monopole sur la production d’eau potable dans la moitié nord de l’Essonne. Cette situation lui permet d’imposer ses tarifs et de s’assurer des marges exorbitantes. Mais aussi de contraindre les communes à lui renouveler ses contrats pour la distribution de l’eau. Un abus de position dominante qui lui a déjà valu en 2005 une condamnation à 500 000€ d’amende par le Conseil de la Concurrence.

Ces derniers mois, Suez a réalisé une grande offensive pour consolider sa position dans le Nord Essonne et regagner ses bastions perdus. Pour ce faire, elle peut aussi compter sur les arrangements entre amis avec la droite locale.

A Viry-Châtillon, celle-ci fait tout, sans y parvenir, pour liquider la régie publique Eau des Lacs de l’Essonne créée par l’ancienne majorité Front de Gauche. Laurent Sauerbach (président LR de la régie) a ainsi relancé le marché d’approvisionnement en eau, jusqu’alors assurée par la régie de la capitale Eau de Paris. Sans en informer celle-ci, il a négocié directement avec la Lyonnaise des Eaux. Sans grand étonnement, Eau de Paris, qui présenta une offre en catastrophe, perdit le marché. Eau de Paris, la Coordination Eau Ile-de-France et la Fondation Danielle Mitterrand ont d’ores et déjà déposé des recours contre ce contrat et ces méthodes.

Mais ce n’est pas tout ! Le 17 décembre 2015, Robin Reda (élu LR), président de la Communauté d’agglomération des Portes de l’Essonne (CALPE, voisine de Viry), faisait voter des avenants afin de prolonger la durée des contrats de distribution d’eau potable pour les communes de Paray-Veille-Poste et Savigny-sur-Orge pour 20 ans supplémentaires, au profit de Suez. Ce qui revient à porter la durée des contrats dans les deux villes respectivement à 31 ans et 33 ans, très au-delà du maximum légal qui est vingt ans. En outre, ces délibérations sont intervenues sans appel d’offres et à 13 jours de la date de dissolution de la CALPE, laquelle se fond désormais dans l’Établissement public territorial 12 de la métropole du Grand Paris, qui a pris, au 1er janvier 2016, ses compétences, dont celles de l’eau et de l’assainissement.

Associations, élus et citoyens membres du Collectif Eau publique Nord Essonne ont saisi le tribunal administratif de Versailles pour obtenir l’annulation de ces délibérations. Pour parvenir à cet objectif, nous faisons appel à tous dans une campagne de financement participatif avec WeJustice. Il s’agit de mobiliser les citoyens pour rééquilibrer le rapport des forces en faveur des usagers. Nous espérons recueillir ainsi les 2000€ qui nous seront nécessaires dans les prochaines semaines.

Vous pouvez nous aider. Si vous pensez que l’eau est un droit, si vous pensez que l’eau est un bien commun, si vous défendez sa gestion publique, il vous suffit d’un simple don de quelques euros. Cela financera nos frais de justice et permettra de nous battre devant les tribunaux.

Nous pourrons ainsi commencer à libérer les habitants de l’emprise de Suez et d’élus trop peu regardants et ainsi ouvrir le débat sur la possibilité d’une gestion publique de l’eau, plus transparente et plus avantageuse pour les usagers.

Pour donner sur wejustice.com : Libérons la production d’eau potable en Essonne

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Tribunes

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