« Des bienfaits du jardinage », de Patrice Robin : Graines d’apaisement

Des bienfaits du jardinage, de Patrice Robin, s’ouvre aux malades mentaux.

Christophe Kantcheff  • 29 juin 2016 abonné·es
« Des bienfaits du jardinage », de Patrice Robin : Graines d’apaisement
© Photo : Hélène Bamberger / P.O.L.

Patrice Robin a longtemps hésité avant d’accepter cette proposition : une résidence dans un établissement de santé mentale pour suivre des patients s’adonnant au jardinage. Car sa mère, au terme de plusieurs années de maladie d’Alzheimer, vient de plonger dans cet état qu’on nomme la démence, où elle ne reconnaît plus personne, y compris son fils. C’est cependant pour cette raison qu’il a finalement accepté : « Je me dis qu’écrire ma rencontre avec ces hommes et femmes, dans ce jardin, le temps d’un printemps et d’un début d’été, me permettrait d’écrire aussi l’étrangeté de ma mère, la vie que nous vivons encore un peu ensemble, et ainsi, peut-être, de ralentir notre irrémédiable éloignement. »

Avec un tel sujet, Des bienfaits du jardinage, le huitième livre de Patrice Robin, n’est pourtant pas aussi noir qu’on pourrait l’imaginer, même s’il est évidemment grave. Au vrai, il s’agit d’un livre d’apprentissages : l’auteur/narrateur y apprend à côtoyer puis à comprendre, autant que possible, les malades mentaux qu’il fréquente ; il emmagasine aussi du savoir sur le jardinage, qui, en outre, regorge d’un lexique dont un écrivain peut se délecter, et auquel, au départ, il ne connaît rien ; son regard sur sa mère, même s’il est douloureux, est sans doute ainsi moins saisi d’effroi.

« Étranger », « À l’approche », « Avec eux », « Accompagné », « Apaisé », « Seul » sont les titres des chapitres du livre, explicites quant à la relation qui s’établit entre l’auteur et les patients dans les jardins où ils se retrouvent. L’apaisement vient de cette activité choisie, créative, et qui exige rigueur et ordonnancement, comme si le jardinage mettait « de l’ordre dans [les] têtes toutes mélangées ». « Il pousse plus de choses dans un jardin qu’on en a semé », dit un proverbe serbo-croate mis en exergue. C’est aussi vrai de ce livre.

Littérature
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