Groenland : Une ancienne base militaire américaine bientôt révélée par le réchauffement climatique ?

Des chercheurs canadiens révèlent l’existence d’une base souterraine des États-Unis menacée par le réchauffement climatique

Claude-Marie Vadrot  • 29 août 2016
Partager :
Groenland : Une ancienne base militaire américaine bientôt révélée par le réchauffement climatique ?
© Photo : Hinrich Baesemann / DPA.

Cette histoire pourrait servir de cadre à un vieux un film de James Bond : les changements climatiques – et donc la fonte des glaces en cours dans la zone arctique -, pourraient prochainement révéler l’ampleur de la présence ancienne d’une base militaire américaine enfouie dans les profondeurs glacées du Groenland. Elle était destinée à organiser le lancement d’armes nucléaires sur le territoire de l’Union soviétique toute proche. C’est ce que vient d’affirmer Lian Colgan, un chercheur glaciologue de l’université canadienne York de Toronto. Une information dont il vient de publier tous les détails dans la Geological Research Letter… en soulignant les dangers qu’elle fait courir à la mer et à la région.

En 1959, les ingénieurs militaires de l’armée américaine, mettant en œuvre une décision présidentielle (alors Dwight Eisenhower) ont secrètement foré puis construit sous la glace une véritable cité souterraine ; sous couvert, comme l’ont fait ailleurs les Soviétiques, de « recherches polaires ». L’objectif étant de dissimuler une base de missiles balistiques nucléaires baptisée « Projet Iceworm ». L’idée, alors que le réchauffement à venir était encore majoritairement nié, était que, progressivement, cette base secrète déjà indétectable par les observations satellites, allait peu à peu être recouverte par de nouvelles couches de glaces s’accumulant sur la carapace glaciaire déjà dissimulée sous une dizaine de mètres au dessus des installations.

Des déchets abandonnés

À la fin des années 60, alors que cette installation comprenait déjà des laboratoires secrets et une quantité inconnue, ou volontairement oubliée, de fusées et de matériaux nucléaires, l’armée américaine décida d’abandonner cette base, Camp century. Tout en y laissant tous les équipements déjà stockés sans procéder a un quelconque nettoyage, qu’il s’agisse des produits chimiques et des résidus radioactifs accumulés lors de la dizaine d’années de travaux : une poubelle militaire sous les glaciers.

Camp century est situé à environ 200 kilomètres de la base aérienne et stratégique de Thulé, construite dans les années 40 au prix de la déportation de quelques centaines d’Inuits. Cette dernière, toujours opérationnelle, avait été installée avec l’accord des autorités danoises. Contrairement à Camp century, secrètement construite et équipée avant son abandon. Ce qui pose désormais des problèmes au gouvernement danois et aux autorités groenlandaises qui ont obtenu une large autonomie depuis 1979.

Pour Liam Colgan et les co-auteurs de son étude, non seulement la base secrète pourrait « mécaniquement » réapparaitre et faire surface dans quelques dizaines d’années, mais d’ores et déjà, les ruissellements générés par la fonte des glaciers qui la surplombent entrainent de nombreux résidus chimiques dans les lacs et dans la mer. Notamment des déchets d’uranium et de plutonium mais aussi d’importantes quantités de PCB. Les chercheurs en concluent qu’il est urgent, quels que soient les coûts, de nettoyer cette énorme poubelle chimique et nucléaire.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Le changement climatique fait de plus en plus de victimes
Décryptage 3 novembre 2025 abonné·es

Le changement climatique fait de plus en plus de victimes

À l’approche de la COP 30, la crise climatique continue de s’aggraver. Si le phénomène s’intensifie, l’injustice climatique, elle, demeure. Pendant que les plus vulnérables sont en première ligne, une minorité d’ultra-riches continue d’alimenter ce dérèglement.
Par Maxime Sirvins
Dans l’archipel du Bailique, au Brésil : « Je crois qu’ici, tout va disparaître »
Reportage 3 novembre 2025 abonné·es

Dans l’archipel du Bailique, au Brésil : « Je crois qu’ici, tout va disparaître »

Au nord de Belem où se tient la COP 30, l’archipel du Bailique est en train de disparaître, victime de l’érosion des terres et de la salinisation de l’eau. Une catastrophe environnementale et sociale : les habitant·es désespèrent de pouvoir continuer à habiter leurs terres.
Par Giovanni Simone et Anne Paq
COP 30 : « L’accord de Paris est comme un phare, mais ce n’est pas une baguette magique »
Entretien 3 novembre 2025

COP 30 : « L’accord de Paris est comme un phare, mais ce n’est pas une baguette magique »

Marine Pouget, responsable « gouvernance internationale » pour le Réseau Action Climat, souligne le manque d’ambition des États en matière climatique et appelle à changer le modèle des COP pour aller vers plus de concret.
Par Vanina Delmas
Paul Biya réélu : colère et répression au Cameroun
Analyse 31 octobre 2025

Paul Biya réélu : colère et répression au Cameroun

Au Cameroun, le président au pouvoir depuis 50 ans vient d’être réélu pour un huitième mandat. L’élection de cet homme de 92 ans est largement contestée et l’opposition est réprimée. Depuis plusieurs jours, le pays est dans un climat de colère et de peur.
Par Caroline Baude