La ZAD de Notre-Dame-des-Landes visée par une campagne de diabolisation

Chloé Dubois (collectif Focus)  • 8 septembre 2016
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La ZAD de Notre-Dame-des-Landes visée par une campagne de diabolisation
© Photo : Vanina Delmas.

Tous les week-end de septembre jusqu’au 9 octobre, date à laquelle un grand rassemblement solidaire doit se tenir, les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes organisent des formations à la désobéissance civile sur la Zone à défendre (ZAD). Une initiative destinée à entraver l’évacuation des résidents et le commencement des travaux, annoncés pour cet automne.

Le 2 septembre, le président Les Républicains de la région des Pays de la Loire Bruno Retailleau a adressé une lettre au ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Il lui demande « instamment » d’interdire les formations organisées sur la ZAD et de « poursuivre toute personne qui y serait mêlée de près ou de loin ».

Dans cette missive, le président de la région décrit « une école de la violence à ciel ouvert » où se rejoignent « des spécialistes de la guérilla » pour organiser « de véritables camps d’entraînement anti-flics ». Des provocations que ne saurait accepter, d’après lui, le ministre de l’Intérieur et qui mettent en « danger la vie des forces de l’ordre qui seront amenées à intervenir sur la ZAD ».

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N’en déplaise au président de la région, nos « troupes » ne sont pas à l’image de ses fantasmes militaires : elles viennent de partout, sont membres de comités de soutien, d’associations diverses ou arrivent à titre personnel. On y rencontre tous les âges et les profils les plus variés. […] « Guerilla », « école de la violence » visant à mettre « en danger la vie des forces de l’ordre », M. Retailleau n’a pas de mots assez forts pour décrire la menace que nous semblons incarner à ses yeux. Nous reconnaissons bien là le sensationnalisme à toute épreuve du président de la région, mais regrettons en revanche qu’il n’ait pas pris le temps de s’intéresser plus en détail au contenu de nos formations avant d’envoyer sa missive.

Le 5 septembre, après un premier week-end de formation où se sont rendues près de 70 personnes selon les organisateurs, les opposants au projet d’aéroport se sont fendus d’une réponse par communiqué, intitulé « Retailleau appelle à poursuivre les formations. Nous aussi ! » :

Le communiqué précise, non sans dérision, que Bruno Retailleau « n’y aurait pas découvert de formation à la kalachnikov », mais des ateliers destinés à « découvrir la zone », à trouver « des actions créatives » de résistance, ou tout simplement à « apprendre à mieux connaître ses droits ».

La lettre de M. Retailleau vise, selon le communiqué, à « légitimer par avance l’usage aggravé de la violence par les forces de l’ordre en cas d’expulsion » et exerce une « diabolisation délibérée » contre « la ZAD et ses soutiens ». Si « le président de la région construit sa politique sur la peur et l’esbroufe sécuritaire », la ZAD continue de lui opposer « le choix d’un territoire ouvert et vivant, basé sur le partage et la solidarité ».

En juin, Bruno Retailleau avait en effet affirmé que l’évacuation de la ZAD ne serait « pas simple du tout » en raison de militants très « agressifs » et qu’il faudrait « à peu près 2 500 policiers et gendarmes pour pouvoir évacuer dans de bonnes conditions ». Mais les opposants sont clairs : « Le mouvement dans toute sa diversité assume qu’il se mettra physiquement en travers du chemin des tractopelles et de la police si le gouvernement revient expulser ou démarrer les travaux. »

Les participants à cette formation ont eux aussi fait réponse à la lettre du président de la région Pays de la Loire dans cette vidéo :

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