Inquiétudes pour les mineurs étrangers à Calais

Ingrid Merckx  • 1 novembre 2016 abonné·es
Inquiétudes pour les mineurs étrangers à Calais
© Photo : Des migrants lors du démantèlement de la jungle de Calais (Ingrid Merckx).

« Il n’y aura pas de réinstallation de migrants à Calais », assurait le président de la République le 31 octobre, une semaine jour pour jour après le démantèlement de la jungle. Une affirmation difficile à croire en ce qui concerne des adultes, mais plus encore s’agissant des mineurs non accompagnés.

Si « l’opération de mise à l’abri » s’est déroulée dans de pas trop mauvaises conditions le premier jour, 24 octobre, la situation des moins de dix-huit ans non accompagnés s’est corsée les jours suivants. « Près de 200 mineurs isolés à la rue ! », alertaient des observateurs en fin de semaine. « 200 autres se sont évanouis dans la nature », ajoutent des membres de l’association Salam, selon qui il y aurait, parallèlement, un nouvel afflux de mineurs arrivant de Belgique, d’Allemagne, de Suède et de Norvège. « Ils ont mal compris l’accord passé par Bernard Cazeneuve avec ses homologues britanniques et s’imaginent pouvoir traverser, explique Yolaine Bernard de Salam. Sur les 1 300 mineurs de la jungle d’avant démantèlement, à peine 300 ont été autorisés à passer en Angleterre. Malgré cela, on en voit déjà revenir des centres d’accueil et d’orientation (CAO) où ils ont été envoyés. Ils ont pris les bus pour être tranquilles mais ils veulent toujours aller en Angleterre. »

LIRE >> Calais : Après la jungle, un nouveau départ

Ils seraient entre 1 500 et 1 700 dans le centre d’accueil provisoire (CAP) de la jungle géré par la Vie Active. Pour majorité des Soudanais, Érythréens et Afghans. Il n’y aurait plus de jeunes à la rue, mais les conditions au CAP sont difficiles : certains associatifs font état de « chahut », d’autres de « violences au couteau ». Des rumeurs de violences sexuelles subies du temps de la jungle circulent.

© Politis

Surtout, la fermeture du CAP se confirme : « Une catastrophe !, s’alarme Yolaine Bernard_. Dehors, dans Calais et dans les environs, c’est déjà la chasse à l’homme. Les adultes arrêtés sont envoyés en centres de rétention, les mineurs en CAO. Où iront les 1 500 mineurs du CAP ? »_

Initialement, il ne devait pas y avoir de CAO « spécial mineurs ». Finalement, plusieurs leur sont réservés, sans que la liste ne soit diffusée. Initialement, le CAP et le centre Jules Ferry devaient disparaître avec le reste de la Jungle. Finalement, le centre Jules Ferry continue à héberger des femmes seules avec des enfants et 1 500 mineurs ont été accueillis au CAP.

Mais c’est terminé : ce 1er novembre, Guillaume Alexandre, directeur général de la Vie Active, confirme : le CAP va effectivement fermer entre les 3 et 4 novembre « pour avoir une marge de sécurité, mais cela reste rapide. Les mineurs seront transportés par l’Etat vers des CAO pour les mineurs répartis sur le territoire. »

Reste à savoir combien y resteront et combien de temps. Mais aussi ce que deviendront ceux qui ne monteront pas dans les bus et resteront dans le Calaisis.

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Société Police / Justice
Temps de lecture : 3 minutes

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