Par les moyens les plus infâmes

De ton trou, triste mec, tu excites l’islamophobie réelle ou supposée de ton votat.

Sébastien Fontenelle  • 25 janvier 2017 abonné·es
Par les moyens les plus infâmes
© Photo : Manuel Valls et ses proches au congrès de Poitiers (Michel Soudais).

Je lis dans un article publié par Le Monde [1] au lendemain du premier tour de la primaire des « socialistes » que « le camp de Valls prépare », pour son second tour, « un affrontement musclé » avec Benoît Hamon.

Je lis dans ce même papier [2] qu’« un proche du candidat Valls », courageusement dissimulé derrière son anonymat [3], « promet » ceci, sans bien sûr apporter le moindre morceau de preuve – et pour cause – à l’appui de sa cauteleuse accusation : « On va mettre le doigt sur le laxisme de Hamon par rapport à l’islamisme. »

Je voudrais adresser ici un message un peu direct et personnel à ce collaborateur de l’ex-Premier ministre qui s’est naguère fait un gargarisme d’avoir décroché – au nom, probablement, de son intransigeant refus de tout « laxisme par rapport à l’islamisme » – de somptueux contrats en Arabie saoudite, où l’obscurantisme fondamentaliste se porte en sautoir.

Je voudrais remontrer à ce misérable personnage qu’il fonctionne exactement comme les fascistes qui, dans l’entre-deux tours de la primaire des Républicains, en novembre dernier, ont inondé le Net de saloperies sur « Ali Juppé », accusé lui aussi d’être compromis avec « les islamistes ». (Les mêmes, très enfoncés dans la démence, ont ensuite concentré leurs tirs sur « Farid Fillon ».)

Tu es comme eux, triste mec. T’es planqué, on sait pas ton nom, on sait pas qui t’es, et, du fond de ton trou, tu excites l’islamophobie réelle ou supposée de ton votat. Ta devise est la même que celle des fafs du Net et de toutes les extrêmes droites (liste non exhaustive) – la même qui a toujours présidé en politique (mais pas que) à la perpétration des pires dégueulasseries : la fin justifie même les moyens les plus infâmes. (Mais je dois du moins reconnaître que tu es tout à fait à ta place au service d’un maître qui s’est façonné dans le brassage permanent de l’exclusion et du rejet – de la stigmatisation des Roms, destiné-e-s selon lui à « revenir en Roumanie », à celle des musulman-e-s, régulièrement rappelé-e-s à plus de « discrétion ».)

Entendons-nous bien : je n’ai pas de sympathie particulière pour Benoît Hamon, qui vient d’un sérail « socialiste » où plus rien n’est à sauver. Mais du moins n’en est-il pas réduit, après avoir été aux affaires pendant cinq ans, et après les avoir employés à détruire plus de liens et de remparts sociaux que l’autre droite ne l’avait fait dans les dix années précédentes, à continuer à entretenir, pour exister, les haines et les peurs dégueulasses qui gangrènent l’époque.

Je me fous assez de votre primaire – comme de toutes celles où la droite se départage. (M’y intéresserais-je, d’ailleurs, que je ne me risquerais pas pour autant à formuler sur son issue le moindre pronostic.) Mais une chose est bien certaine : si ton « candidat Valls » en sort ratiboisé, je vais prendre quelques courtes mais intenses minutes pour lancer des youyous.

[1] Où l’on tient, par ailleurs, que Manuel Valls incarne une « gauche » éprise de « pragmatisme » et de « réalisme », pendant que le pauvre M. Hamon patauge dans les « illusions lyriques » et une pathétique « propension à prendre ses désirs pour la réalité ».

[2] Signalé sur Twitter par la camarade @monachollet.

[3] Et il aurait tort de se gêner, puisque les journalistes « politiques » du Monde encouragent quotidiennement cette couardise.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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