Proche-Orient : Une conférence de paix, et après ?

Que peut-on espérer alors que les dirigeants israéliens ont déjà fait savoir qu’ils ne tiendraient aucun compte de la conférence de paix sur le conflit israélo-palestinien qui doit se réunir dimanche à Paris ?

Denis Sieffert  • 11 janvier 2017 abonné·es
Proche-Orient : Une conférence de paix, et après ?
© SAUL LOEB/POOL/AFP

On ne peut être que très pessimiste sur l’issue de la conférence de paix sur le conflit israélo-palestinien qui doit se réunir dimanche à Paris. Certes, 70 États ou organisations seront représentés, et des principes conducteurs devraient être arrêtés pour permettre aux deux principaux protagonistes de reprendre la négociation avec un cadre, des objectifs clairement définis, et un calendrier conduisant à la création d’un État palestinien. Mais après ? Que peut-on espérer alors que les dirigeants israéliens ont déjà fait savoir qu’ils n’en tiendraient aucun compte ? Et alors que le ministre de la Défense israélien, Avigdor Lieberman, compare la conférence de Paris à une « version moderne du procès Dreyfus » ? On en revient toujours à la même évidence : rien ne se fera tant que la communauté internationale n’exercera pas des pressions sur Israël, allant jusqu’à des sanctions qui fassent plier ses dirigeants.

L’idée était pourtant bonne. Il s’agissait de concilier la volonté palestinienne de sortir d’un tête-à-tête mortifère avec Israël, et le refus israélien de toute « ingérence » internationale. La France, sous l’autorité du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Laurent Fabius, avait donc conçu un processus en deux temps : une conférence internationale qui fixerait, en l’absence des deux protagonistes, les contours d’une future négociation et la formation d’un groupe de suivi ; puis une négociation entre Israéliens et Palestiniens, directe mais encadrée. Le refus israélien et l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche confrontent aujourd’hui la France et l’Union européenne à la question des sanctions. Or, c’est peu dire que Paris a donné de mauvais signaux. Laurent Fabius avait indiqué qu’en cas de refus de l’État hébreu, la France reconnaîtrait l’État palestinien. Las, son successeur au Quai d’Orsay, Jean-Marc Ayrault, a plus que relativisé cette menace. Sans compter qu’un autre épisode est venu démontrer le peu de détermination du gouvernement.

Au mois d’octobre, la France votait une résolution de l’Unesco visant à préserver « le patrimoine culturel palestinien et [le] caractère distinctif de Jérusalem-Est ». Colère d’Israël et de ses représentants officiels et officieux en France, jusqu’au sein du conseil municipal de Paris. Reculade immédiate en haut lieu (Manuel Valls), et regrets pour une « formulation malheureuse [et] maladroite ». On est loin de la remise en cause de l’accord d’association entre Israël et l’Union européenne, et des mesures de boycott qui pourtant s’imposeraient. Un collectif d’ambassadeurs rappelle aujourd’hui le rôle des sanctions dans la fin de l’apartheid en Afrique du Sud (Le Monde, 10 janvier). C’est en ces termes en effet que le problème devrait se poser si on veut sortir de l’hypocrisie.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Chili : « La gauche au gouvernement pourrait perdre contre la droite pinochetiste »
La Midinale 14 novembre 2025

Chili : « La gauche au gouvernement pourrait perdre contre la droite pinochetiste »

Dimanche aura lieu le premier tour de l’élection présidentielle au Chili. Jeanette Jara, ministre du travail sortante, membre du Parti communiste et à la tête d’une coalition de gauche qui gouverne aujourd’hui, fera face au très conservateur José Antonio Katz. Julian Calfuquir, doctorant en économie spécialiste de l’Amérique latine, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »
Entretien 12 novembre 2025 libéré

Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »

Un mois après le « plan de paix » de Donald Trump, le journaliste palestinien appelle les médias à ne pas abandonner Gaza, où les habitants sont entrés dans une phase de « non-vie ».
Par Kamélia Ouaïssa
En Cisjordanie occupée, les oliviers pris pour cibles
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, les oliviers pris pour cibles

Alors qu’Israël ne respecte pas le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 10 octobre, la colonisation en Cisjordanie s’intensifie. Au moment de la récolte annuelle des olives, les paysans subissent les attaques violentes et répétées des colons, sous l’œil de l’armée israélienne.
Par Marius Jouanny
Moldavie : un programme pour reboiser un pays qui a perdu sa forêt
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

Moldavie : un programme pour reboiser un pays qui a perdu sa forêt

Considéré comme l’un des pays européens les plus vulnérables aux impacts du changement climatique et l’un des moins bien dotés en forêts, l’État moldave s’est embarqué il y a deux ans dans une aventure visant à planter des arbres sur 145 000 hectares.
Par Mathilde Doiezie et Alea Rentmeister