Aulnay-sous-Bois : le commissaire a déjà été condamné dans une affaire similaire

Vincent Lafon, commissaire à Aulnay-sous-Bois, où a eu lieu l’interpellation et le viol présumé de Théo, a été condamné en 2008 pour avoir laissé ses hommes enfoncer un enjoliveur entre les fesses d’une personne interpellée.

Nadia Sweeny  • 13 février 2017
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Aulnay-sous-Bois : le commissaire a déjà été condamné dans une affaire similaire
© Photo: MEHDI FEDOUACH / AFP

Comme toute chose cachée, les affaires nauséabondes finissent toujours par remonter à la surface. Vincent Lafon, commissaire divisionnaire d’Aulnay-sous-Bois, n’y échappe pas.

C’est le journal L’Humanité, dans son édition du 13 février, qui révèle qu’en 2004, alors qu’il était en charge de la brigade anticriminalité (BAC) de nuit à Paris, M. Lafon a couvert des violences policières commises, sous ses yeux, par des hommes qu’il dirigeait.

Il s’agit de l’affaire de « l’enjoliveur » : une nuit de février 2004, les policiers de la BAC de nuit de Paris prennent en chasse un homme en état d’ébriété qui vient de frapper une femme et qui renverse deux policiers et en blesse un. La course-poursuite se termine à Créteil, où l’homme sera dénudé et où un cerceau d’enjoliveur lui sera enfoncé entre les fesses, « sous les yeux de dizaines de collègues », d’après Le Parisien à l’époque. Le commissaire Vincent Lafon était de ceux-là.

La victime porte plainte et le jugement a lieu en 2008. Malgré les réquisitions du parquet, qui demandait de la prison ferme, le juge sera particulièrement clément. Aucun caractère sexuel ne sera retenu dans la qualification du délit.

Le gardien de la paix, Éric Débert, a avoué avoir placé le cercle d’enjoliveur. Condamné pour « violences volontaires », il écope d’un an de prison avec sursis et de trois ans d’interdiction d’exercer. Le capitaine Franck Junca prend dix-huit mois avec sursis pour destruction de preuve : il avait fait disparaître la vidéo de l’intervention policière.

M. Lafon sera, pour sa part, condamné à un an de prison avec sursis et à un an d’interdiction d’exercer pour « abstention volontaire d’empêcher un délit ». Rien qui ne l’ait empêché, dix ans après les faits, de prendre le poste de commissaire divisionnaire d’Aulnay-sous-Bois.

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