Comment s’organise le mouvement contre la corruption ?

De nouveaux rassemblements contre la corruption des élus sont prévus ce week-end, après ceux de dimanche 19 février. Un mouvement est né. Récit de ses premiers pas.

Hugo Boursier  • 24 février 2017 abonné·es
Comment s’organise le mouvement contre la corruption ?
© Photo : Michel STOUPAK / Citizenside / AFP

« J’en rêvais ». Lorsque Vincent Galtier rentre chez lui dimanche 19 février au soir, après les premières mobilisations contre la corruption, il a le sourire aux lèvres. Le citoyen, qui avait créé un simple événement Facebook quelques jours plus tôt, a rassemblé des milliers de personnes dans plusieurs villes de France autour d’un message simple : « Stop à la corruption des élus. »

« Je crois avoir trouvé un écho sincère auprès des citoyens, et le fait que je me sois présenté comme non partisan a beaucoup joué. Ma crainte était que tout retombe rapidement », explique le jeune homme, novice dans la gestion de manifestations. Alors depuis ce premier jour, comment s’organise le mouvement ? Quelles sont les ambitions, avant les prochains rassemblements de ce week-end, à Paris, Calais, Marseille, Lille, Strasbourg, Nantes, et dans plus de quinze autres villes en France ?

« Garder le cap »

La ressemblance avec Nuit debout était flagrante dimanche dernier à Paris. De fait, le mouvement du printemps 2016 a aidé l’organisateur dans les déclarations à la préfecture, la logistique et la modération des discussions.

Toutefois, le mouvement anticorruption ne souhaite pas utiliser à nouveau le même mode d’action, qui a donné « des débats parfois trop dilués » à Paris. « Nuit debout est un think-tank enrichissant et très inspirant, mais il ne représente pas le mouvement anticorruption. Il faut donc donner moins de place à l’assemblée générale, veiller à rassembler les gens vers des slogans massifs pour passer à l’étape supérieure, et s’échiner à garder le cap », note Vincent Galtier, en mettant les choses au clair :

Nous sommes dans un rejet total du « Tous pourris » du FN. Leur message est une coquille vide.

Agora numérique

En coulisse, on s’active, virtuellement. Lundi matin, Vincent Galtier lance des démarches sur Facebook. Très vite, il est rejoint par des citoyens lambda. En plus du groupe central, « QG du mouvement apartisan», se créent quatre autres espaces : « Revendications », « Coordination », « Communication », « Études et recherches ».

Contactée, la quinzaine d’administrateurs répondent en groupe, et en bloc. L’objectif est de ne pas se perdre avec d’éventuelles démarches personnelles, mais aussi de contrôler les messages envoyés à la presse, pour rester « démocratiques et participatifs », indique Jean-Baptiste Merlière, qui gère parmi d’autres le « QG ». Ils ont entre 25 et 45 ans, viennent de toute la France et veulent « changer le fonctionnement de notre démocratie qui s’essouffle ». La corruption, « ce cancer », doit être combattue par les citoyens eux-mêmes, puisque « les élus corrompus sont ceux qui écrivent les règles auxquelles ils sont soumis ».

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Véritable agora numérique, les différents groupes gagnent des membres jour après jour. « On construit en même temps qu’on gère, c’est un défi de tous les instants, observent les administrateurs de #StopCorruption, certains travaillent jusqu’à douze heures par jour » pour organiser et modérer le contenu sur les réseaux sociaux, « lieu virtuel et phare des rassemblements ».

Les débats se construisent et se concluent en un instant. Dernier en date : le mouvement est-il apolitique ou apartisan ? Après quelques commentaires, où sont identifiés les premiers organisateurs, dont Vincent Galtier, la question est réglée : « apartisan », car cette lutte est « forcément politique », assure ce dernier.

Pouvoir d’agir

Certaines mesures prennent forme et sont adressées dans une lettre aux élus. Non-définitive, elle doit être discutée lors des prochaines assemblées générales. Elle annonce le retrait de l’amendement sur la prescription des délits financiers, retrait des hommes politiques condamnés pour fraude ou corruption, mise en place d’une mesure de transparence…

© Politis

La pétition d’Anticor, association qui lutte contre la corruption depuis 2002, avec ses 10 000 soutiens, remonte plusieurs fois dans le fil de discussion Facebook. Même si ces élans citoyens ne réunissent pas (pour l’instant ?) des millions d’adhérents, force est de constater que les initiatives sont nombreuses. Depuis Nuit debout, celles et ceux qui rêvent d’une réelle démocratie s’organisent et se rencontrent, sous différents mouvements, sur les réseaux comme dans la rue.

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